Le deuxième jour du procès pour tentative d'escroquerie contre TotalEnergies a vu la redoutable figure d'André Guelfi, surnommé "Dédé la Sardine", au cœur des discussions. Cet homme d'affaires, connu pour ses démêlés judiciaires, est mis en avant par la défense comme le principal protagoniste d'une affaire complexe. Sept individus sont en effet accusés d'avoir tenté de créer un tribunal arbitral frauduleux visant à soutirer plus de 22 milliards de dollars à la multinationale.
Bien que Guelfi soit décédé en 2016 à l'âge de 97 ans, il n'a jamais pu apporter sa version des faits dans le cadre de l'enquête, ni soulever les difficultés que rencontrent aujourd'hui les avocats de la défense. Cédric Labrousse, représentant l'un des accusés, a regretté cette situation qu'il juge "problématique et préjudiciable". La présidente du tribunal, Céline Ballerini, lui a assuré que cette question serait soigneusement examinée.
Le parcours d'André Guelfi, décrit comme "étonnant" par la présidente, mêle activités variées, allant de pilote de course automobile à exportateur de poisson au Maroc. Dans son autobiographie, Guelfi prétend même avoir joué un rôle dans l'élection de Juan Antonio Samaranch à la tête du Comité international olympique et dans l'organisation des Jeux olympiques de Moscou en 1980. Sa proximité avec le groupe Elf, qui est devenu TotalEnergies, date des années 1990, période durant laquelle il a agi comme intermédiaire dans plusieurs ex-républiques soviétiques.
En 1992, Elf (alors une entreprise indépendante) avait signé un contrat d'exploration d'hydrocarbures dans les régions russes de Saratov et de Volgograd, un engagement qui ne s'est jamais concrétisé. En 2009, seize ans plus tard, ces mêmes régions ont décidé de réclamer 22 milliards de dollars à TotalEnergies, arguant que la société n'avait pas respecté ses engagements contractuels. Guelfi est soupçonné d'avoir œuvré, par le biais d'une société chypriote, à un arbitrage destiné à soutirer ce montant astronomique à TotalEnergies.
L'ombre de Guelfi pèse également sur le procès Elf, où il a été condamné pour détournement de fonds en 2005. En l'absence de ce personnage clé, le tribunal se concentre sur les rôles spécifiques des sept accusés, dont certains sont membres du tribunal arbitral, tels que Jean-Pierre Mattei. Ce dernier est jugé pour plusieurs accusations, y compris la corruption passive.
La proximité de Mattei avec Guelfi est également mise en avant, les deux hommes ayant partagé des vacances en Corse, ce qui soulève des questions sur l'intégrité de leurs interactions. D'autres avocats, tels qu'Olivier Pardo et Xavier Cazottes, sont également sous enquête, accusés non seulement d'escroquerie mais aussi de corruption active, mettant à mal la légitimité du processus judiciaire.
Le procès se poursuit sous haute tension, et les révélations autour de ce dossier insolite résonnent dans les salles d'audience, amplifiant les préoccupations sur les pratiques au sein des tribunaux d'arbitrage. La date de fin du procès est prévue pour le 19 décembre, une date qui promet d'être cruciale pour déterminer la vérité sur cette affaire aux ramifications mondiales.







