L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) est sous le feu des critiques pour son absence de sanctions à l'encontre de Cnews concernant le pluralisme. Reporters sans frontières (RSF) a récemment publié une étude affirmant que la chaîne d’information a constamment adopté une orientation marquée vers l’extrême droite, attirant ainsi l’attention du public et des régulateurs.
Historiquement, jusqu'en 2024, l'Arcom s'est appuyée sur une simple répartition équitable du temps de parole des personnalités politiques pour juger du pluralisme au sein des médias. Cependant, avec la montée des animateurs et chroniqueurs qui expriment ouvertement leurs opinions politiques, cette méthode est devenue insuffisante.
Après l'injonction du Conseil d'État en février 2024, l'Arcom a été contrainte de reconsidérer sa stratégie et d'intégrer divers critères tels que la variété des sujets et la diversité des intervenants. Malgré cela, il semble que la régulation reste quelque peu timide lorsqu'il s'agit de sanctionner Cnews pour un présumé manquement aux obligations de pluralisme, laissant la chaîne libre de poursuivre sa ligne éditoriale.
Dans un rapport, RSF a mesuré la réputation de Cnews face à d'autres chaînes d'information, observant des signaux clairs d’un biais important en faveur des idées d’extrême droite. Les conclusions de l'enquête ont été accueillies avec scepticisme par l'Arcom, qui a réfuté les analyses de RSF, affirmant qu’aucun manquement n’avait été identifié. Cette attitude suscite des interrogations légitimes sur l’efficacité du régulateur dans l’exercice de son rôle, surtout alors que les experts s’accordent à dire que la concentration de certaines voix sur cette chaîne pourrait avoir des effets néfastes sur le débat public et la démocratie.
Des spécialistes tels que Camille Broyelle, professeure de droit public à l’Université Paris-Panthéon-Assas, soulignent que le pluralisme est essentiel pour la démocratie et que la réglementation actuelle devrait évoluer pour protéger le droit du citoyen à une diversité d’opinions. En effet, le renforcement de la loi de 1986 reste indispensable pour empêcher qu'une chaîne de télévision ne devienne un vecteur de propagande au service d'une idéologie unique.
Le débat est donc ouvert : l'Arcom réussira-t-elle à s'élever au-dessus des pressions politiques et à garantir une véritable diversité d'opinions sur le paysage médiatique français, ou continuera-t-elle à sous-estimer son rôle en matière de régulation?







