Pour contrer la fraude aux arrêts maladie, l'Assurance maladie a lancé depuis le 1er décembre un dispositif généralisé de contrôles par visioconférence, après une phase de test concluante dans plusieurs départements.
Les assurés concernés recevront un message par e-mail et un SMS au moins deux jours avant leur entretien virtuel avec un médecin conseil, dont le rôle est d’évaluer la légitimité de l’arrêt. Cette méthode vient compléter les contrôles déjà effectués par téléphone ou lors de visites à domicile, et vient s'ajouter à un dispositif qui, en 2022, a déjà permis de contrôler 450 000 assurés.
Des résultats probants : 38% d'arrêts de travail annulés
Les premiers retours sur ces contrôles en visioconférence sont encourageants. Selon des données communiquées par l’Assurance maladie, près de 38% des arrêts de travail contrôlés en visio ont été suspendus. Ces vérifications ciblent principalement les arrêts prolongés, de plus de six mois, et sont initiées lorsque des doutes sur la légitimité de l'arrêt émergent ou pour favoriser le retour progressif à l'activité.
Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l'Union française pour une médecine libre, voit ces contrôles comme une opportunité de rapprocher les médecins conseils des réalités du terrain. Toutefois, il exprime ses craintes concernant des éventuels quotas qui pourraient compromettre l’indépendance professionnelle des médecins.
Problématiques à prendre en compte
Bien que ces mesures visent à réduire le risque de fraude, certains experts soulignent que la représentation de la maladie comme source de fraude est exagérée. Jérôme Marty fait valoir que les véritables abus restent rares, comparant la situation aux 'poissons volants'. Les défis liés à une population vieillissante et à des délais d'accès aux soins en sont les véritables causes.
La nécessité de maintenir un équilibre entre contrôle frauduleux et soutien aux assurés est essentielle. Comme l’a révélé un jugement récent du tribunal judiciaire de Strasbourg, le métier de médecin conseil est complexe et peut avoir des répercussions graves, illustrées par un drame ayant entraîné le suicide d’une médecin-conseil, soulignant la pression inhérente à ces fonctions.







