Manuel Gonçalves Granada, aujourd'hui à la tête de la Commission nationale pour le droit à l’identité (Conadi), est un symbole éloquent de résilience et de justice. Enlevé à ses parents par la dictature argentine, il fut l'un des « petits-enfants récupérés » par les grands-mères de la place de Mai. Sa quête pour retrouver son identité et celle de milliers d'autres bébés volés durant la période sombre de 1976 à 1983 continue d'inspirer de nombreux Argentins.
Fils de Gaston Gonçalves et Ana Granada, des militants de la guérilla péroniste, Manuel a découvert sa véritable histoire à l'âge de 20 ans, lorsque des membres de sa famille biologique sont venus frapper à sa porte. « Apprendre que mes parents ne m'avaient pas abandonné, mais qu'ils m'avaient sauvé de la répression, a été un sentiment indescriptible, raconte-t-il. Ce moment fut à la fois une révélation et une douleur profonde, symbole d'un passé tragique que Nicolas Desjardins, un sociologue argentin, décrit comme une blessure encore ouverte dans le collectif argentin.
Actuellement, environ 140 des 500 enfants enlevés ont été retrouvés, mais le travail de Manuel et des Grands-Mères de la place de Mai est loin d'être terminé. Leur lutte ne se limite pas à retrouver les identités perdues ; elle s'étend à la défense des droits humains face aux discours de négationnisme. Le président argentin, Javier Milei, qui relativise les atrocités de la dictature, représente un défi supplémentaire pour ces organisations. Manuel précise : « Nous devons déconstruire ces discours corrosifs qui altèrent notre réalité. »
Pour Manuel, raconter son histoire n'est pas seulement une démarche personnelle, mais un acte de résistance. À l'instar de ses confrères des Grands-Mères, il considère son rôle comme essentiel dans la préservation de la mémoire collective et la promotion des droits fondamentaux. Son engagement est un exemple de détermination pour les générations futures, qui continuent de lutter pour la vérité.
En mettant en lumière les histoires individuelles, comme celle de Manuel, les médias français et internationaux rappellent l'importance de la mémoire pour la réconciliation et la justice sociale. L'historienne Anne-Marie Vignoles déclare : « Ce qui est crucial, c'est de garder la flamme de la mémoire vivante avec des histoires de vie, des combats et des victoires. » Ce témoignage souligne l'importance de la vérité et de la justice dans les sociétés post-conflit.







