À Mamoudzou, sur le front de mer, une épave de voilier gît encore sur le trottoir, rappelant la dévastation causée par le cyclone Chido, qui a frappé Mayotte il y a un an. Les morceaux de polyester et les débris de coques s'accumulent sur les rochers, témoignant des ravages causés par ce cyclone tropical qui a causé 40 morts et plus de 40 disparus lors de son passage le 14 décembre 2024.
Malgré les efforts de nettoyage, les débris des maisons détruites sont encore visibles dans plusieurs zones de l'île. La préfecture de Mayotte a estimé que près de 10 000 tonnes de déchets ont été générées à la suite de Chido, ainsi que des pluies diluviennes causées par le cyclone Dikeledi en janvier dernier. Seulement cinq des 50 sites temporaires créés pour collecter ces déchets subsistent actuellement, comme le rapporte Chanoor Cassam, directeur général du Sidevam.
Les réalisations sont mitigées. Le service de collecte a été perturbé par les vents dépassant 210 km/h, et Mayotte demeure dépourvue de véritables solutions de recyclage ou d'incinération. « Seules 3% des matières recyclables sont triées, contre 66% en métropole », souligne Philippe Moccand de Citeo. C'est un problème environnemental non négligeable, alors que l'île s'efforce d'améliorer sa gestion des déchets.
Risques sanitaires accrus
En février dernier, face à la montée des risques sanitaires, la préfecture a approuvé le brûlage exceptionnel d'une partie des déchets, notamment pour lutter contre la prolifération de rats et de moustiques vecteurs de maladies graves. « Le mélange des déchets produit un lixiviat toxique qui menace les nappes phréatiques et le littoral », alerta un expert. Ce constat est d'autant plus pertinent dans un territoire récemment affecté par une épidémie de choléra.
Les épaves de navires posent un risque supplémentaire. Les matériaux en décomposition libèrent des contaminants dans l'environnement aquatique. Damien Devault, maître de conférences en éco-toxicologie, affirme que « les conséquences sur l'écosystème marin sont indéniables ». À l'avenir, Mayotte vise à inscrire son lagon au patrimoine mondial de l'Unesco, mais la pollution en cours en compromet sérieusement les chances.
Des experts s'interrogent quant à la réponse institutionnelle face à cette crise de gestion des déchets. Un spécialiste de la biodiversité sur l'île a souligné la nécessité urgente d'interventions plus significatives. L'État a missionné une entreprise pour retirer certaines épaves maritimes, mais les efforts sont encore jugés insuffisants.
En somme, bien que les autorités se battent pour contenir cette situation délicate, les défis demeurent. L'île est dans un état où la gestion des déchets nécessite une révision complète pour éviter de futurs désastres environnementaux.







