Une nouvelle décision de la Cour de justice d'Afrique de l'Est (EACJ) a placé l'accord commercial entre l'Union européenne (UE) et le Kenya sous le signe de l'incertitude. En suspendant l'accord de partenariat économique (APE) signé en 2023, la justice menace non seulement les relations commerciales, mais aussi plus d'un milliard d'euros d'exportations annuelles kényanes vers le marché européen.
Le ministre du Commerce, Lee Kinyanjui, a confirmé que Nairobi allait faire appel de cette décision qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l'économie du pays. Selon un rapport du magazine The East African, près de 1,35 milliard d'euros de produits ont été exportés vers l'UE, tandis que les importations atteignaient près de 2 milliards d'euros.
Cette action judiciaire a été déclenchée par l'ONG Centre for Law Economics and Policy on East African Integration (CLEP East Africa), qui considère que l'accord commercial enfreint les termes du traité qui régit le marché commun de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC). En conséquence, le 24 novembre, l'EACJ a pris la décision de geler la mise en œuvre de l'APE, révélant ainsi un conflit d'intérêts entre les ambitions commerciales de l'UE et les objectifs économiques régionaux.
En effet, cet accord a été conçu pour libéraliser le commerce entre le Kenya, première économie d'Afrique de l'Est selon le FMI, et l'UE. Il stipule la suppression progressive des droits de douane sur les produits kényans et l'ouverture du marché kényan aux entreprises des 27 États membres de l'UE. En dépit de ces avantages, l'incertitude juridique suscite des inquiétudes sur la stabilité du commerce, comme l'indique un article du Financial Times.
Pour l'UE, ce partenariat est présenté comme le plus ambitieux jamais conclu avec un pays africain, intégrant des mesures contre le changement climatique et favorisant l'égalité des genres. Malgré cette ambition, l'absence de mise en œuvre dans le cadre plus large de l'EAC a conduit le Kenya à renégocier un accord bilatéral en 2021, après que les autres membres de la communauté ont abandonné l'accord initial.
Les perspectives économiques de l'Afrique de l'Est restent en effet optimistes, avec des prévisions de croissance à 5,9% en 2025, comme rapporté par la Banque africaine de développement (BAD). Cependant, pour que ces promesses se réalisent, la résolution de cette affaire juridique est cruciale. Lee Kinyanjui a assuré que son pays est déterminé à maintenir des relations commerciales avec l'UE. « Des mesures sont mises en œuvre pour garantir la continuité de nos arrangements commerciaux », a-t-il déclaré, tout en soulignant l'importance d'une résolution rapide pour minimiser l'impact sur les exportations.







