Plusieurs familles d’harkis ont rencontré des représentants de l’État, mercredi, au sein de l'ancien camp Joffre à Rivesaltes, dans le but d'obtenir des réponses concernant les lieux de sépulture de dizaines de corps, y compris ceux d'enfants.
Ce combat pour la mémoire s'intensifie. Des familles s’efforcent d’identifier le lieu de repos de dizaines de harkis ayant transité par le camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) dans les années 60, avant d’être inhumés à Perpignan. La préfecture a relayé l'information que près de 22 000 harkis, auxiliaires algériens de l’armée française, ainsi que leurs familles, ont vu leur destin scellé dans ce camp après l’indépendance de l’Algérie, entre 1962 et 1965. Au moins 146 d’entre eux, dont 101 enfants, ont perdu la vie.
La réunion de mercredi a concerné une soixantaine de personnes, la majorité étant passée par ce camp, dont les restes reposent dans deux cimetières de Perpignan : celui de l’Ouest et celui du Nord (ou du Vernet). Selon les autorités, une trentaine de dépouilles se trouvent encore au cimetière de l’Ouest, sans tombes individuelles clairement identifiées. Bruno Berthet, le secrétaire général de la préfecture, a précisé que la mairie s’est engagée à préserver cet espace et à matérialiser les tombes.
En revanche, les restes de la trentaine de corps inhumés au Vernet ont été exhumés dans les années 70 et transférés dans un ossuaire collectif au cimetière de l’Ouest. Les autorités envisagent maintenant d’ouvrir cet ossuaire afin de vérifier si les restes audio recherchés sont mélangés avec d'autres, ce qui compliquerait leur identification.
« Je recherche mon père »
À l'issue de la rencontre, Dalila Khémaissia, venue de Mulhouse exprimer son désarroi, a confié à l'AFP : « Je fais tout pour essayer de trouver des réponses. Je recherche mon père, décédé le 20 avril 1964 à Rivesaltes, mais qui reste introuvable. » Sa fille Myriam a assuré qu'elles poursuivraient leur quête pour des réponses claires.
Fin octobre, une datation au carbone avait permis de déterminer que des ossements retrouvés au cimetière de Rivesaltes appartenaient à au moins 52 harkis ou proches décédés dans le camp Joffre durant les années 1960. À l’automne 2024, des tombes avaient été découvertes sur le site de cet ancien camp ; cependant, elles étaient malheureusement vides. Une révélation choquante a suivi : les dépouilles avaient été déplacées en septembre 1986, et des caisses contenant des milliers d’ossements avaient été retrouvées dans le cimetière communal de Rivesaltes. Ces événements mettent en lumière le difficile chemin vers la vérité et la reconnaissance des souffrances endurées par ces familles.







