Dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu, l'ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, met en avant la nécessité d'un patriotisme éclairé, loin des réflexes militaristes. Lors d'une récente interview, il rappelle combien l'oubli des leçons historiques fragilise notre conscience nationale et notre capacité à faire face à des crises futures.
Longuet souligne que « connaître l'Histoire » est essentiel pour éviter de répéter les erreurs du passé et que la guerre doit être envisagée avec un projet politique clair et réaliste. En effet, les récents discours alarmistes des chefs militaires français illustrent une militarisation du débat public, que certains interprètent comme un retour à un patriotisme nécessaire face aux défis émergents.
« Le militarisme impose aux politiques la dictature des intérêts militaires, alors que le patriotisme doit être l'inverse », insiste-t-il. Selon lui, la France a besoin de renouer une véritable connexion entre son armée et sa nation, un lien affaibli depuis la suppression du service national en 1995 sous la présidence de Jacques Chirac.
La menace d'une guerre sur le continent européen, exacerbée par l'invasion russe en Ukraine, met en avant la responsabilité de la France d'adapter ses moyens militaires aux enjeux politiques. « En 2025, il est crucial d'adopter une posture claire en matière de défense », explique Longuet, tout en évoquant l’exemple de pays comme la Suisse, qui a su institutionnaliser un partenariat efficace entre civils et militaires.
Des experts, comme le professeur en géopolitique à l'Université de Paris, Jean-Luc Ménard, se rejoignent sur ce point, arguant que « la réinstauration d'une culture militaire dans notre société est essentielle face à un monde devenu instable et imprévisible ». Selon Ménard, les préoccupations liées à la sécurité nationale, loin d'être une menace pour nos valeurs démocratiques, devraient au contraire les renforcer.
Néanmoins, la défiance demeure. La population française, tout en maintenant une constante confiance envers son armée, semble distante des réalités militaires contemporaines. Faisant référence à l’héritage gaulliste, Longuet rappelle que le chef de l'État, Emmanuel Macron, doit incarner un leadership militaire fort, surtout en cette période de crises internationales accrues.
En somme, entre légitimité historique et besoins contemporains, le débat sur le patriotisme en France appelle à une réflexion approfondie pour préparer le pays à un avenir incertain. Dans un contexte où le lien entre l'armée et la nation est de plus en plus mis à l'épreuve, il est temps de sortir de l'insouciance et de redéfinir ce que signifie vraiment être patriote aujourd'hui.
