Le 9 décembre 2025 marque le 120e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l'État, un événement qui a profondément bouleversé le paysage religieux et politique français. Résultat d'une intense lutte entre diverses factions politiques et religieuses, cette loi a été accueillie avec passion, provoquant des débats houleux qui résonnent encore aujourd'hui.
À l’époque de son adoption, de nombreux catholiques, tels qu'Albert de Mun, dénonçaient cette annonce comme un « jour de deuil », accusant le gouvernement de comploter sous l'influence de la Franc-Maçonnerie. Le journal La Croix du 5 juillet 1905 reflétait cette anxiété, soulignant l'ampleur des tensions entre l'État et l'Église. En même temps, d'autres figures comme Jean Jaurès soutenaient cette loi comme une avancée vers la liberté de conscience pour tous les citoyens.
La loi, mise en place par le gouvernement de Maurice Rouvier et soutenue par des politiciens tels qu'Aristide Briand, stipule que « la République assure la liberté de conscience » et « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Ce cadre légal, tout en étant conçu pour garantir l'égalité des croyances, a engendré une fracture au sein même de la population et des institutions religieuses.
Jean-Claude Lauriot, historien et expert en laïcité, souligne que « cette loi a non seulement reconfiguré l'État, mais a également ouvert un débat sur la place de la religion dans la société française ». Les tensions entre les catholiques, qui étaient majoritaires, et les autres confessions ont été exacerbées, avec des réactions allant du soutien inconditionnel à une opposition véhémente de certains évêques, qui ont choisi de suivre la ligne dictée par le Pape Pie X.
D'autres groupes religieux, notamment les juifs et protestants, ont eu une approche différente, acceptant les conditions de la loi dans une volonté de s'intégrer davantage dans le tissu social français. La loi a eu pour effet que les églises, devenues des propriétés communales, assuraient un meilleur soutien à leurs fidèles. Une position souvent expliquée par le sociologue Henri Mendras, qui note que la diversité religieuse en France s'est épanouie grâce à ce cadre légal.
Le passage à la nouvelle législation n’a pas été sans heurts. Des tensions ont éclaté lors de l'inventaire des biens religieux, culminant en mars 1906 par une émeute fatale dans la paroisse de Boeschepe. Ce climat tendu a amené le défunt gouvernement à intervenir pour calmer la situation, illustrant à quel point la transition vers une laïcité déclarée était complexe.
120 ans plus tard, la loi de 1905 demeure un jalon essentiel dans l’histoire politique et sociale de la France, incarnant toujours un symbole de liberté, mais également d’unité et de division. Alors que la laïcité continue d'être un sujet de débats passionnés, cette loi reste au cœur des réflexions sur l'identité française et la manière dont les croyances s'intègrent dans le cadre républicain.







