L'Australie se lance dans une initiative sans précédent en introduisant une loi qui, à partir du 10 décembre, vise à interdire l'accès aux réseaux sociaux pour les personnes de moins de 16 ans. Cette mesure est mise en place pour protéger les jeunes des dangers tels que le cyberharcèlement, un problème de plus en plus préoccupant dans le pays. Les principales plateformes, dont TikTok, Facebook et Instagram, devront s'assurer que les utilisateurs respectent cette limite d'âge.
Cette initiative a été annoncée par le Premier ministre Anthony Albanese en novembre 2024, et le gouvernement a depuis étudié diverses méthodes de vérification d'âge. Cependant, toutes ces méthodes présentent des lacunes. Par exemple, l'utilisation de pièces d'identité pour la vérification peut entraîner une réticence chez les Australiens à partager leurs données sensibles, surtout après une année de violations de données record, selon l'Office of the Australian Information Commissioner.
Des solutions alternatives, comme l'utilisation de la reconnaissance faciale ou l'analyse du comportement en ligne, révèlent également des inexactitudes. Jennifer Smith, une experte en sécurité numérique, souligne : « Les systèmes de vérification ne peuvent pas être entièrement fiables et peuvent facilement être contournés. » Des adolescents comme Isobel, 13 ans, témoignent avoir pu tromper ces systèmes en utilisant des photos de proches ou même des célébrités.
Un sondage récent a révélé qu'un tiers des parents envisagent d'aider leurs enfants à contourner ces restrictions. Cela soulève de nouvelles inquiétudes parmi les experts, qui estiment que l'interdiction risque de déplacer le problème plutôt que de le résoudre. Tim Levy, directeur d'une société de sécurité en ligne, note : « Dire aux parents que la situation est désormais sécurisée est une illusion. »
En parallèle, face à ces défis, les adolescents pourraient se tourner vers des plateformes alternatives, moins régulées. Certains experts suggèrent plutôt que le gouvernement doive se concentrer sur la régulation des contenus nuisibles et l'éducation des jeunes aux dangers d'Internet, plutôt que d'imposer des interdictions qui pourraient se révéler inefficaces. Selon une étude réalisée par e-Enfance, 67 % des jeunes de 6 à 10 ans utilisent déjà au moins un réseau social.
La France, quant à elle, se trouve à un carrefour similaire, mais la législation européenne restreint la possibilité d'instaurer de telles interdictions. D'autres pays pourront observer comment l'Australie gère cette situation délicate, avec l'espoir que des améliorations significatives en découlent pour la sécurité des jeunes en ligne.







