Quatre ans après son entrée sur le marché français, Trenitalia présente des résultats encourageants : 4,7 millions de voyageurs transportés et un chiffre d'affaires de 90 millions d'euros en 2025, soit le double de l'année précédente. Pourtant, l'opérateur révèle que la rentabilité reste un objectif difficile à réaliser, avec un taux de remplissage médiocre de 65 % sur les axes clés reliant Paris, Lyon et Marseille.
Depuis son lancement en France, Trenitalia a observé une augmentation notable de son activité. Selon Fabrice Toledano, directeur commercial, la compagnie a transporté un volume record de passagers, atteignant ainsi 1,8 million de voyageurs sur ses trois principales lignes (Paris-Milan, Paris-Lyon, Paris-Marseille) en 2025. Même si les revenus ont bondi, atteignant 90 millions d'euros, cela ne compense pas les lourds investissements initiaux nécessaires à son intégration sur le marché français. Marco Caposciutti, président de Trenitalia France, a déclaré que la rentabilité ne sera probablement pas atteinte avant 2026.
Le défi du taux de remplissage
Le défi majeur pour Trenitalia réside dans son taux de remplissage difficile à améliorer. Si la liaison Paris-Milan bénéficie d'un taux assez satisfaisant de 80 %, les lignes vers Lyon et Marseille ne parviennent qu'à atteindre un taux de remplissage de 65 %. Ce phénomène se révèle particulièrement problématique, surtout en comparaison avec les performances des trains Ouigo de la SNCF, qui affichent des taux proches de 90 % grâce à des tarifs attractifs et un système tarifaire avancé.
La priorité pour Trenitalia en 2026 sera de consolider sa relation avec ses clients et d’explorer des méthodes pour améliorer son taux de remplissage. Caposciutti a confié que l'entreprise n'envisage pas l'ouverture de nouvelles lignes dans l'immédiat.
Une offre renforcée sur l’axe stratégique Paris-Lyon
Malgré ces défis, Trenitalia vise à renforcer son offre sur le corridor le plus prometteur de son réseau. À partir du 14 décembre 2025, la compagnie proposera 14 allers-retours quotidiens sur la liaison Paris-Lyon, soit 28 trains par jour, augmentant considérablement le nombre de services. Cette initiative est conçue pour attirer davantage de voyageurs et saisir de nouvelles parts de marché.
Les tactiques envisagées incluent des promotions attractives et le lancement d'une carte de fidélité, diversifiant davantage son offre haut de gamme. Trenitalia espère non seulement rivaliser avec la SNCF, mais également élargir l'ensemble du marché ferroviaire.
Une expérience de voyage axée sur le confort
Trenitalia se positionne clairement sur le segment de la clientèle d'affaires avec son offre de trains Frecciarossa, qui se distinguent par des équipements premium comme des sièges inclinables, un Wi-Fi gratuit et un service de restauration à bord. De plus, leur offre B2B, Trenitalia Pro, connaît une forte croissance, attirant plus de 600 entreprises clientes.
Cette expansion a nécessité une restructuration interne significative : aujourd'hui, la compagnie emploie plus de 260 personnes en France, dont 47 conducteurs et 78 chefs de bord. Des locaux supplémentaires sont également prévus pour gérer la montée en charge des opérations.
Les défis imprévus
Cependant, le chemin vers la rentabilité a été perturbé par un événement inattendu : un « gigantesque éboulement en Savoie » survenu en août 2023, entraînant la fermeture du tunnel de la Maurienne et interrompant la liaison ferroviaire entre la France et l'Italie pendant 19 mois, privant ainsi Trenitalia de 500 000 clients, selon son directeur commercial.
Depuis la reprise de la ligne Paris-Milan le 1er avril 2025, avec des arrêts à Chambéry, Modane et Turin, l'opérateur travaille également sur une nouvelle ligne Paris-Marseille Saint-Charles, mise en service le 15 juin 2025, renforçant ainsi son réseau reliant les grands centres urbains français. En outre, Trenitalia envisage des projets à long terme, notamment l'ambitieux lancement d'une liaison Paris-Londres d'ici 2030, un projet qui nécessitera des investissements dans des infrastructures de maintenance en France.
(Sources : Le Monde, Les Echos)







