Le 14 décembre 1582 est une date qui n’a pas eu de place dans le calendrier. Cette anomalie historique découle de l'instauration du calendrier grégorien, promulgué par le pape Grégoire XIII. Le souverain pontife a voulu corriger le décalage accumulé depuis le calendrier julien, instauré par Jules César en 46 avant J.-C. En avançant de dix jours, les pays catholiques sont passés du 9 au 20 décembre 1582, et ainsi, toute une semaine s'est volatilisée.
La nécessité de cette réforme était pressante car le calendrier julien avait conduit à un décalage progressif des saisons. En effet, les équinoxes et solstices se déplaçaient de près d'un jour tous les 128 ans. Au début du XVIe siècle, l'équinoxe de printemps avait lieu dix jours plus tôt, ce qui affectait même la célébration de Pâques. Pour rétablir l'ordre, le concile de Trente a mandaté Grégoire XIII, qui a collaboré avec des astronomes et des mathématiciens, tels que Clavius, pour ajuster ce calendrier anachronique.
Les conséquences furent immédiates. En France, sauf en Alsace, le 9 décembre 1582 fut suivi du 20 décembre. À cette époque, des régions comme la Russie ou les royaumes protestants continuèrent à utiliser le calendrier julien bien après cette conversion.
Cette réforme n'a pas seulement touché le nombre de jours, mais aussi la manière de calculer les années bissextiles. Contrairement à la règle du calendrier julien, qui ajoutait un jour tous les quatre ans sans exception, le nouveau système stipule que seuls les siècles divisibles par 400 seront bissextiles, rendant 1700, 1800 et 1900 non bissextiles, par exemple.
La décision de Grégoire XIII a non seulement unifié le calendrier au sein des pays catholiques, mais elle a aussi mené à une divergence entre les Églises chrétiennes. Les orthodoxes, qui continuent d'utiliser le calendrier julien, célèbrent ainsi Pâques à des dates souvent différentes de celles des catholiques.
En somme, ce changement marquant a ouvert la voie à une standardisation du temps, mais il a aussi plongé une partie du monde dans une incertitude chronologique. Selon l'historien Jean-Pierre Maffre, "cette réforme incarne un tournant crucial, non seulement scientifique, mais aussi social et culturel, révélant des luttes de pouvoir au sein de l'Europe de l'époque." Ainsi, même si le 14 décembre 1582 a disparu de notre calendrier, son héritage perdure dans notre compréhension moderne du temps et de l'organisation de l'année.







