Dans un récent article du Figaro Magazine, Jean Sévillia présente une vision troublante de l'extermination des Juifs durant la Shoah. Selon lui, la tragédie qui a coûté la vie à six millions de personnes relèverait d'un "hasard malheureux" plutôt que d'une intention délibérée. Sévillia conclut que la question terrible à laquelle Hitler se heurtait au début de son règne — "que faire des Juifs ?" — aurait trouvé une réponse uniquement après une "radicalisation progressive du régime" et la progression des hostilités de la Seconde Guerre mondiale.
Ce discours suscite des inquiétudes parmi les historiens et les défenseurs de la mémoire, qui rappellent que la "solution finale" a été formellement adoptée lors de la conférence de Wannsee en janvier 1942, en présence des plus hauts dirigeants du régime. Comme l'indique l'historienne Annette Wieviorka, les massacres avaient déjà commencé bien avant cette date, sous la forme de la Shoah par balles. Les propos de Sévillia pourraient s'apparenter à une forme de révisionnisme, un terme qui désigne le refus de reconnaître des faits historiques établis.
Les spécialistes se posent la question : est-ce que ce type de discours, qui atténue l'horreur systématique de la machine de mort nazie, devrait être considéré comme légal ? En France, la loi Gayssot interdit la contestation de crimes contre l'humanité, ce qui impose un débat nécessaire sur les limites de la liberté d'expression. Des voix, comme celle de l'historien Serge Klarsfeld, insistent sur l'importance de raconter la vérité historique pour préserver la mémoire des victimes. Cette réflexion sur le passé nous interpelle sur notre responsabilité collective face à la désinformation.







