Confrontés à de nouveaux défis, les artisans réinventent leur modèle économique
Face à l'incertitude persistante des cinq dernières années, les leaders du secteur artisanal dans les Deux-Sèvres s'adaptent avec une résilience surprenante. Selon Sébastien Kugler, président de la chambre de métiers et de l’artisanat des Deux-Sèvres, « il est fréquent d'entendre les chefs d'entreprise dire qu'ils n'ont jamais connu une telle situation ». Les artisans font preuve d'une agilité remarquable, capable de repenser leurs stratégies économiques pour faire face à une série de crises, notamment la flambée des prix des matières premières et l'augmentation des coûts de l'énergie.
Une adaptation nécessaire au contexte actuel
La profession essuie des pertes significatives : Aurélie Bernard, vice-présidente de la Capeb des Deux-Sèvres, indique un recul de 5 % dans le secteur du bâtiment au premier semestre, un signe que les défis de la conjoncture économique ne peuvent pas être ignorés. Trois artisans sur quatre admettent que leur métier est devenu plus complexe par rapport à la dernière décennie.
Le nombre d'apprentis en baisse souligne ce phénomène alarmant, avec les jeunes de moins en moins nombreux sur le marché du travail. Malgré cela, les acteurs du secteur ont commencé à réévaluer leur fonctionnement ; par exemple, certains boulangers choisissent de réduire leur production en supprimant les deuxièmes fournées pour alléger leurs factures énergétiques.
Le statut de microentreprise : une illusion ?
Le post-Covid a vu une explosion des microentreprises, mais les chiffres concernant leur longévité sont préoccupants. Selon une étude récente de la CMA Nouvelle-Aquitaine, seulement 28 % des microentreprises survivent cinq ans après leur création, contre 63 % pour les entreprises individuelles. Sébastien Kugler met en garde contre l'idée reçue que le statut de microentreprise est la solution idéale et appelle à un meilleur accompagnement des nouveaux entrepreneurs.
Vers une anticipation nécessaire pour l'avenir
Les défis liés à la transmission des entreprises sont également cruciaux. Une succession, prévient Kugler, doit être préparée bien en amont : « Un transfert d'entreprise doit se planifier au moins cinq ans à l'avance ». Le risque de voir apparaître des déserts artisanaux, semblables à ceux observés dans le milieu médical, est bel et bien présent si aucune mesure n’est prise pour garantir la pérennité des entreprises artisanales.
3 chiffres clés
> 39 % : entre 2019 et 2024, les offres d'emploi dans l'artisanat des Deux-Sèvres ont crû de 39 %, d'après un baromètre de la MAAF.
> 70,5 % : 70,5 % des artisans citent la baisse du pouvoir d'achat comme le principal obstacle, dépassant l'augmentation des prix des matières premières (45,9 %).
> 38 % : le secteur des services représente 38 % des entreprises artisanales dans la région, suivi par le bâtiment (37 %), tandis que l'alimentation compte pour seulement 10 %.







