La ville de Millau, après les initiatives de Saint-Affrique, Nant et Saint-Laurent-d'Olt, a approuvé le développement d'un réseau de chaleur urbain alimenté par une chaufferie biomasse lors du conseil municipal du 17 décembre dernier. Ce projet, piloté par la société d'Économie Mixte (SEM) Causses Energia en collaboration avec Dalkia, s'inscrit dans une volonté de transition énergétique et vise à offrir une alternative durable.
Avec un investissement total de 11 millions d'euros entièrement financé par les opérateurs, ce réseau devrait desservir 36 bâtiments, publics et privés, d'ici 2027, tout en garantissant une stabilité des tarifs et une plus grande indépendance énergétique pour la collectivité.
Un modèle inspiré du succès de Saint-Affrique
Le projet s'inspire directement du réseau de chaleur de Saint-Affrique, inauguré fin 2019, qui dessert à présent 40 bâtiments. Selon Alexandra Moulin, directrice opérationnelle de Causses Energia, "C'est le même groupement, la même puissance, et une logique identique". À Millau, la chaufferie centrale sera située derrière le gymnase Paul Tort et pourra pondérer sa production grâce à 4 kilomètres de canalisations vers des sous-stations équipées d'échangeurs thermiques. Cette méthode offre une solution technique simple mais efficace.
"La chaleur produite sera transférée aux bâtiments sans rupture d'approvisionnement", précise-t-elle. Avec une capacité de 2,5 mégawatts et une production annuelle de 9 gigawattheures, ce réseau répondra aux besoins thermiques d'environ 600 personnes, incluant des logements, un EHPAD, des établissements scolaires et des copropriétés.
Une énergie renouvelable et locale
Ce réseau fonctionnera principalement avec de la plaquette forestière, un combustible brut provenant principalement des résidus de la forêt locale. Quatre plateformes d’approvisionnement, situées à La Cavalerie, Camarès, Nant et Saint-Rome-de-Tarn, garantiront l'approvisionnement de la chaufferie. Alexandra Moulin souligne : "C'est une ressource renouvelable et maîtrisée", articulant ainsi un double enjeu : "sécuriser l'approvisionnement et structurer la filière bois locale".
Ce projet ne pèsera pas sur le budget municipal grâce à un modèle de délégation de service public (DSP). Causses Energia et Dalkia financent intégralement le projet et reverseront toutes les infrastructures à la ville au terme de 25 ans. "C'est un retour sur investissement, permettant à la collectivité de bénéficier d'un équipement moderne sans avance de trésorerie", affirme Alexandra Moulin.
Un projet ancré dans son territoire
Conçu initialement autour de la requalification du quartier Beauregard, le réseau a dû ajuster son périmètre en raison de la densification. Certaines zones, comme Malhourt, n'ont pas pu être intégrées à cause de contraintes techniques telles que la traversée de voies ferrées. "Nous ne pouvons pas aller n'importe où", insiste la directrice.
Après le succès à Sainte-Affrique, où le réseau a fait ses preuves durant la flambée des prix du gaz en 2022, la SEM Causses Energia aborde ce nouveau projet avec confiance. Les retours des usagers sont très positifs, affirmant apprécier la stabilité des coûts ainsi que l'aspect local de l'initiative. Le début des travaux de la nouvelle centrale est prévu pour septembre 2026, avec un lancement du service en 2027.







