Durant sa campagne pour la mairie de Paris, Rachida Dati propose de fermer le Champ-de-Mars la nuit en installant des grilles autour du célèbre jardin au pied de la tour Eiffel. Cette initiative vise à adresser une montée supposée de l'insécurité dans ce lieu emblématique, mais elle suscite de vives oppositions.
La candidate des Républicains (LR) justifie son projet en affirmant que « les agressions se sont multipliées » au Champ-de-Mars. Elle propose également de créer une brigade équestre dédiée pour renforcer la sécurité, une idée qu’elle défend depuis plusieurs années. Selon Dati, ces grilles permettraient de limiter les actes de délinquance tels que le vol à la tire et le commerce illégal. « Il s’agit de protéger les touristes et les riverains », insiste-t-elle.
Cette idée, déjà suggérée dans un livre blanc de 2006 par l’Association des amis du Champ-de-Mars, est loin de faire l’unanimité. Des experts comme Philippe Khayat, président de l’association SOS Paris, critiquent la démarche, la qualifiant de « compartimentation » inappropriée. « La Villa Eiffel est entourée d’infrastructures modernes, ajouter des grilles ici serait ruiner l’esthétique de cet espace », déclare-t-il.
Jean-François Martins, président de la Société d’exploitation de la tour Eiffel, renchérit en rappelant que plus de 20 millions de visiteurs fréquentent les environs chaque année. « Des grilles ne feront que concentrer les foules ailleurs, ce qui pourrait exacerber les problèmes de sécurité, pas les résoudre », observe-t-il. Pour lui, la véritable solution réside dans une présence policière renforcée, non dans des barrières physiques.
Du côté de l’Association des amis du Champ-de-Mars, un consensus semble difficile à atteindre. Gérard Der Agobian, son président, estime qu’une telle initiative pourrait être utile si elle était accompagnée d'une surveillance constante. « La clé est une présence physique, qu'il s'agisse de gardiens ou de policiers, au moins douze heures par jour », propose-t-il.
Cependant, les données policières mettent en question les inquiétudes de Dati. En 2024, les statistiques montrent une baisse significative des crimes dans la zone, ce qui remet en cause l'idée d'une insécurité croissante. De plus, une analyse de Le Parisien révèle que les incidents graves, bien que remarqués, ne reflètent pas une tendance générale.
Alors que les lobbies pour une sécurité renforcée se font entendre, Rachida Dati devra convaincre une population parisienne partagée sur cette question cruciale. La balance entre sécurité et accessibilité au patrimoine culturel sera-t-elle maintenue dans cette métropole en constante évolution ?







