Dans une salle de classe du collège Vauban à Strasbourg, un enseignant dévoile une photo troublante d'une main mutilée. « Quel incident a pu provoquer cela ? » interroge-t-il, captivant l'attention de ses élèves. Un jeune répond immédiatement : « C'est un accident de pétard. » Ce moment marque le début d'un dialogue essentiel sur les risques liés aux pétards, une pratique largement répandue chaque Nouvel An en Alsace.
Christophe Christmann, policier, anime cette séance de sensibilisation. Son but est clair : protéger les élèves du Bas-Rhin avant le réveillon de la Saint-Sylvestre, période où les pétards et fusées illuminent à la fois les villes et les campagnes.
Les pétards, un élément festif banalisé, font pourtant l'objet d'une réglementation stricte. En Allemagne, leur achat est plus aisé, ce qui incite certains jeunes Alsaciens à en importer illégalement, malgré les interdictions en France. Le préfet du Bas-Rhin, Amaury de Saint-Quentin, a récemment évoqué l'augmentation préoccupante des saisies de pétards, 80% des colis interceptés provenant de Pologne.
Douze ans après ses premiers pétards, Naël, un Strasbourgeois, témoigne de son expérience : « J'ai toujours fait attention », déclare-t-il, tout en admirant sa main intacte. Mais cette attitude pourrait ne pas suffire, comme l'explique le général Gwendal Durand, chef de la gendarmerie du Bas-Rhin. « L'objectif est d'éveiller les jeunes aux dangers, tant physiques que légaux, liées à l'utilisation imprudente de pétards », souligne-t-il.
Conséquence directe : Tia, une élève de 12 ans, confie que les explosions du Nouvel An lui inspirent de l'anxiété. « Le 31 décembre, je reste chez moi », avoue-t-elle, admettant que la présentation l'a véritablement préoccupée. Elle n'est pas seule : la plupart des élèves prennent conscience des quatre catégories d'explosifs, dont seules les plus petites, de catégorie 1, sont autorisées aux mineurs. La réglementation évolue, et d'ici peu, les catégories 2 et 3 seront interdites.
Cette année, la gendarmerie innove en mobilisant des lycéens pour diffuser des messages de prévention au sein de leur communauté. Les jeunes ont créés des visuels diffusés sur 80 000 sachets de médicaments et de pains, illustrant des slogans percutants comme « Tout peut déraper avec un pétard ».
Alors que le 31 décembre approche, les autorités instaurent un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans de 21h à 6h dans plusieurs communes, y compris Strasbourg. L'année dernière, six blessés avaient été signalés, dont une petite fille de deux ans touchée par une fusée. La dernière tragédie remonte à 2020, rappelant l'importance cruciale de ces campagnes de sensibilisation pour assurer des fêtes en toute sécurité.
Le challenge reste de taille, mais les initiatives comme celles-ci montrent une volonté collective de réduire les accidents liés aux pétards, tout en préservant l'esprit festif du Nouvel An. Comme le souligne une spécialiste des conduites à risque, « la prévention est la clé pour transformer une tradition potentiellement dangereuse en un moment de fête sans blessures ». Cette année, Saumur ne cesse de souligner l'importance de cette démarche dans la lutte contre les dangers associés aux pétards.
