Ce jeudi, la Bulgarie fera un pas significatif vers l'intégration européenne en adoptant l'euro, devenant ainsi le 21e pays à rejoindre cette zone monétaire. Bien que cette transition soit perçue comme un levier potentiel pour dynamiser l'économie du pays, les craintes d'une forte inflation pèsent lourdement sur l'esprit des citoyens.
Des mouvements de protestation, notamment orchestrés par des partis d'extrême droite, se sont multipliés cet été, appelant à maintenir le lev bulgare. Les Bulgares expriment leur peur, influencés par des récits sur les augmentations de prix observées dans d'autres pays ayant précédemment adopté l'euro.
Les adeptes de l'euro, incluant plusieurs gouvernements successifs, soutiennent que cette décision est essentielle pour le pays le plus pauvre de l'Union européenne, visant à renforcer les liens avec l'Occident et à réduire l'influence russe. "Faire partie de l'euro permettra à la Bulgarie de bénéficier d'une stabilité économique plus grande", a déclaré Georgi Angelov, économiste senior à l'Open Society Institute de Sofia, mentionnant que le pays pourra enfin prendre part aux décisions de la Banque centrale européenne.
Cependant, des données d'Eurobaromètre révèlent que près de 49% des Bulgares restent sceptiques à l'égard de l'euro. Ce scepticisme est particulièrement prononcé dans les zones rurales, où la forte inflation vécue ces dernières années exacerbe les craintes. En novembre, l'Institut national de statistique a rapporté une augmentation de 5% des prix alimentaires, plus de deux fois la moyenne dans la zone euro.
Face à ces craintes, le parlement bulgare a mis en place des mesures de contrôle pour surveiller les hausses de prix liées à l’adoption de l’euro. Les experts soulignent que l'entrée dans la zone euro devrait également favoriser une plus grande transparence des prix, facilitant la comparaison des coûts avec d'autres pays de l'UE. Selon Christine Lagarde, présidente de la BCE, les bénéfices sont tangibles : économies pour les PME et un secteur du tourisme qui devrait prospérer.
Pourtant, la stabilité politique du pays demeure préoccupante, avec un gouvernement récemment renversé à cause de manifestations anticorruption. En conséquence, beaucoup s'interrogent sur la viabilité de cette intégration dans un climat d'instabilité. "La clé sera d'assurer la stabilité politique pour pleinement tirer profit de cette transition", conclut Georgi Angelov. Dans ce contexte, le parcours vers l'euro en Bulgarie est ainsi parsemé d'espoirs, mais aussi de défis significatifs.
