Saint-Max (Meurthe-et-Moselle), envoyé spécial
En Lorraine, un vent de changement souffle sur la manière dont l'aide alimentaire est perçue et mise en œuvre. Les collectivités, associations et producteurs locaux collaborent pour offrir un accès à une alimentation de qualité, transformant ainsi le droit à se nourrir en un tremplin vers d'autres droits sociaux. C'est dans ce cadre que se déroule chaque mercredi matin le marché solidaire de la Place à VivreS, situé dans un quartier populaire du Grand Nancy.
Les étals sont régénérants. En ce début de novembre, les couleurs des derniers fruits et légumes d'été établissent un contraste saisissant avec les produits d'automne, tels que les poireaux et les courges, qui peinent à attirer les acheteurs. Ce jour-là, autour du centre social Saint-Michel-Jéricho, l'ambiance est vibrante, portée par les rires des enfants et les échanges amicaux des habitants.
La Place à VivreS, bien plus qu’un simple marché, est un projet d'éducation populaire. Dominique Hays, président du réseau Cocagne, souligne que ce projet vise non seulement à nourrir, mais aussi à impliquer pleinement les habitants dans les démarches sociales. « Si les gens ne sont pas au cœur du processus, cela ne fonctionne pas », insiste-t-il.
« Des politiques publiques au service des plus vulnérables »
L’association Lortie, forte de ses vingt-sept ans d’expérience, a tout mis en œuvre pour implanter ce projet dans la région. Avec 60 employés en contrat de formation et 20 permanents, l’association cultive sur quatre hectares le long de la Meurthe. Valérie, qui s’occupe de la vente de jus de fruits, explique : « Nos produits sont bio et de saison, à des prix accessibles. Nous offrons en plus une réduction de 50 % pour les bénéficiaires du RSA et des minima sociaux », témoigne-t-elle avec fierté.
Au-delà de la vente de produits, des ateliers de cuisine, des animations autour du compostage et de la réparation d’objets sont également proposés. La Place à VivreS est un véritable lieu d’échanges et d’engagement citoyen, comme le souligne Chloé Blandin, adjointe au maire de Nancy : « Nous cherchons à créer des synergies entre les quartiers et à faire participer les habitants à l’élaboration de solutions locales ». En effet, sur les neuf premiers mois de l’année, 900 personnes ont été en contact avec des services sociaux via ces marchés, apportant une nouvelle dynamique à la vie communautaire.
Un engagement pour l’avenir
La question de l'accès à une alimentation de qualité est cruciale en France, où près de 11 millions de personnes se déclarent en situation d'insécurité alimentaire. En Meurthe-et-Moselle, la précarité est alarmante, avec 95 000 personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Face à ce constat, la Place à VivreS apporte une réponse en construisant des alliances entre les acteurs locaux et en mettant en avant l’importance de l’économie solidaire.
En parallèle, l’association Emplettes et Cagettes propose un modèle de solidarité alimentaire qui profite à 1 500 familles, démontrant ainsi que l’union fait la force pour accéder à des produits locaux. Claude Orbion, agriculteur bio, exprime son soutien à ces initiatives : « Cette démarche nous permet de reconnecter les agriculteurs avec les consommateurs, en mettant au cœur de notre action la dignité alimentaire ».
À Nancy, la Place à VivreS se positionne désormais comme un exemple à suivre, alliant solidarité, éducation et engagement citoyen. En intégrant les habitants au processus, elle prouve qu’un autre modèle d’aide alimentaire est possible, ouvrant la voie à une société plus juste et équitable.







