À la croisée des chemins, l'accord commercial entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) se prépare à une semaine charnière. Alors que la Commission européenne espère finaliser le traité en fin de semaine, la France intensifie ses efforts pour en obtenir un report, face à la mobilisation grandissante de ses agriculteurs.
Le texte, en cours de négociation depuis plus de vingt-cinq ans, promet des exportations européennes renforcées de véhicules, machines, vins et spiritueux, tout en ouvrant les portes de l'Europe à des produits agricoles sud-américains tels que la viande, le sucre et le soja. Cependant, cette promesse suscite des inquiétudes majeures chez les acteurs de l'agriculture française.
Alors qu'une colère palpable émerge parmi les éleveurs, exacerbée par la gestion d'une épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) par le gouvernement, le président Emmanuel Macron sait que donner son accord cette semaine serait hautement risqué. L’Assemblée nationale a récemment exprimé son désaccord à l'unanimité, soulignant l'urgence d’intégrer des clauses de sauvegarde pour protéger les agriculteurs français.
Le Parlement européen, qui se penchera sur le sujet le 16 décembre, pourrait également influer sur la signature de l'accord. Des amendements visant à renforcer les mesures de sauvegarde sont à l'ordre du jour, mais la réaction de la Commission européenne face aux demandes françaises pourrait s’avérer décisive.
Les autorités françaises plaident pour des mesures de protection strictes, notamment en matière de normes environnementales, pour que les produits importés respectent les standards européens. Selon Le Monde, des discussions avec d'autres pays européens tels que la Pologne et l'Autriche témoignent d'un consensus fragile autour de cette question, laissant présager une forte opposition.
Face au risque de colère populaire, avec des mouvements de protestation attendus dans plusieurs régions, la situation reste tendue. Les syndicats agricoles, s'opposant fermement au traité, appellent à une mobilisation à Bruxelles, avec des milliers d'agriculteurs prévus dans la capitale belge. Ces derniers craignent que l'accord n'ouvre la voie à des importations à faibles coûts, contraires aux normes UE.
Malgré cela, la Commission européenne reste déterminée à conclure cet accord, essentiel pour l'économie européenne, selon le porte-parole Olof Gill. Les mentions d'une clause de sauvegarde, récemment proposées, ne semblent pas apaiser les craintes françaises, qui exigent davantage de garanties.
La semaine à venir s’annonce donc cruciale pour l’avenir du traité UE-Mercosur, et la tension entre Paris et Bruxelles pourrait bien atteindre son paroxysme. Les experts s’inquiètent d'une potentielle crise européenne si un compromis n’est pas trouvé rapidement, soulignant que l'équilibre entre intérêts économiques et préoccupations environnementales reste fragile.







