Mathieu Lefèbvre, économiste à l’Université de Strasbourg, nous éclaire sur le modèle français de protection sociale, souvent jugé en crise. Tout en observant que les dépenses atteignent près de 800 milliards d'euros, il souligne les bénéfices tangibles tels qu'une faible pauvreté et une couverture santé universelle, comparables aux standards européens.
En analysant son efficacité, Lefèbvre affirme que la France se classe parmi les pays les plus performants en Europe, malgré des critiques sur les coûts élevés. Avec son collègue Pierre Pestiau, ils ont élaboré un indicateur de performance, et bien que le système ne soit pas parfait, il n’est pas parmi les pires non plus. Selon les données de l’INSEE, la France se démarque par une espérance de vie élevée et des inégalités plus faibles que dans beaucoup d'autres nations.
Un des enjeux majeurs soulevés est la difficulté à quantifier les bénéfices des prestations sociales. Alors que les dépenses sont facilement mesurables, les avantages, comme la réduction de la pauvreté ou l'amélioration de la santé, nécessitent des indicateurs multidimensionnels pour une évaluation complète.
Le modèle français se distingue par son approche assurantielle, inspirée par le système bismarckien, tout en intégrant des éléments de redistribution qui se traduisent par des couvertures universelles, comme en santé. Alors que la complémentaire santé est désormais obligatoire, cette spécificité n’est pas encore adoptée en Allemagne ou en Belgique.
Concernant les défis à venir, particulièrement face au vieillissement de la population, Lefèbvre met en lumière l'importance de réformer le système de dépendance. Avec la création de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) en 2004, il est clair que la prise en charge de la dépendance devient incontournable, mais nécessite davantage de sensibilisation de la part du public.
Enfin, Lefèbvre évoque la nécessité de s’inspirer de modèles comme le système scandinave, qui, bien que plus coûteux, montre que des réformes et simplifications peuvent améliorer l’efficacité. La France, avec ses multiples caisses de retraite et divers systèmes de protection, pourrait considérer une approche plus centralisée pour faciliter l’accès et la gestion de ces services essentiels. S'appuyer sur la prévoyance obligatoire pourrait également offrir une voie d’amélioration significative.







