Après avoir voté dimanche lors des élections législatives sous l'égide de l'armée en Birmanie, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a encouragé ses compatriotes à faire de même, invoquant la nécessité de participer à ce processus informellement qualifié de “démocratique”.
Ce général, dont le nom dominait les listes électorales, a voté au bureau de Zeyathiri, situé dans son imposant complexe à Naypyidaw, la capitale administrative. Cet espace, bien que grandiose, est largement désert en termes de population.
Un nombre important de hauts gradés et de responsables gouvernementaux ont suivi son exemple, utilisant des machines électroniques pour exprimer leur devoir civique, bien que beaucoup aient choisi d’adopter une tenue civile, comme Min Aung Hlaing lui-même, vêtu d'une chemise à rayures accompagnée d'un longyi traditionnel.
"Les gens devraient voter," a affirmé le dirigeant de 69 ans aux journalistes. "S'ils ne votent pas, c'est qu'ils ne comprennent pas vraiment ce qu'est la démocratie".
Les analystes, dont certains sont cités dans des rapports du Monde, estiment qu'il pourrait éventuellement accéder à la présidence ou continuer à diriger les forces armées tout en maintenant un contrôle discret sur le gouvernement civil qui émergerait.
"Je ne peux pas simplement demander à devenir président," a-t-il répondu à une question sur ses ambitions personnelles, maintenant le flou sur ses réelles intentions.France 24 a souligné que le Parti de l'union, de la solidarité et du développement, pro-militaire, est susceptible de remporter ces élections.
Après avoir été balayé par la Ligue nationale pour la démocratie lors des derniers scrutins de 2020, le parti d'Aung San Suu Kyi a été dissous, laissant le champ libre aux alliés militaires.
- "Libre et équitable" -
Le coup d'État de février 2021 a marqué la fin d'une décennie d'ouverture démocratique et a plongé le pays dans une crise profonde, caractérisée par des conflits armés. Les groupes de défense des droits humains accusent les militaires d'avoir brutalement réprimé toute dissidence et d'avoir mené des offensives meurtrières contre des rebelles.
Min Aung Hlaing a renouvelé dimanche des allégations, largement contestées, selon lesquelles la victoire de la Ligue nationale sur la junte en 2020 avait été marquée par des fraudes massives. "Nous ne pouvions pas rester les bras croisés", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que cette situation était la raison de la junte au pouvoir aujourd'hui.
Alors que de nombreux observateurs, comme ceux du RFI, dénoncent l’absence de transparence, le général a qualifié le scrutin de "libre et équitable", affirmant que les citoyens sont libres de voter pour qui bon leur semble. Cependant, un rapport du Réseau asiatique pour des élections libres souligne que la majorité des partis concurrents de l'édition précédente ne figurent plus sur les bulletins actuels, ayant été exclus par l’armée.
Zaw Min Tun, le porte-parole de la junte, a également assuré que ces élections sont conçues "pour le peuple birman" et pour "reconstruire le système démocratique", un message qui reste à confirmer sur le terrain.







