Face à la montée de l'inquiétude parmi les éleveurs, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a dévoilé le lancement d'une vaste campagne de vaccination contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Appelez sur BFMTV le 15 décembre depuis Toulouse, elle a indiqué que de 600 000 à 1 million de bovins seraient vaccinés en Occitanie dans les weeks à venir.
Cette initiative marque un changement significatif dans la politique sanitaire, très critiquée par les agriculteurs, notamment en raison de l'abattage systématique des troupeaux infectés. Annie Genevard a déclaré qu'un cordon sanitaire serait établi pour protéger le reste du territoire. "Nous allons vacciner dans les meilleurs délais possibles", a-t-elle rassuré lors de l'émission.
La ministre a toutefois défendu les mesures actuelles, soutenant que les abattages réalisés jusqu'à présent ne concernent que 0,02 % du cheptel bovin français et ont contribué à contenir la propagation de la maladie. "Lorsque l'on observe un cas, d'autres sont souvent à proximité", a-t-elle justifié, soulignant l'importance d'une réponse rapide et efficace. Elle a également reconnu la détresse des éleveurs touchés, déclarant : "Pour ceux qui souffrent, c'est un véritable drame."
Depuis juin, la DNC a causé 113 foyers dans 80 élevages à travers 11 départements, dont plusieurs en Occitanie ainsi qu'en Savoie et Haute-Savoie. Environ 3 300 bovins ont été abattus, et la plupart des foyers sont aujourd'hui considérés comme éteints. Néanmoins, un nouveau cas a été signalé dans l’Aude, entraînant l'abattage de dix animaux.
Une stratégie toujours contestée
Malgré les affirmations du ministère concernant un contrôle de la situation avec seulement deux exploitations encore affectées au niveau national, la contestation demeure vive. La filière viande bovine, défendue par Culture Viande, soutient que la stratégie actuelle sauvegarde le statut sanitaire de la France. En revanche, la FNSEA alerte sur une anxiété généralisée au sein du secteur agricole et appelle à plus de transparence concernant les indemnisations et les enquêtes sanitaires.
Sur le terrain, les manifestations se multiplient. Dans le Sud-Ouest, des agriculteurs bloquent l'autoroute A64, tandis qu'à Tours, du fumier et des pneus ont été déversés devant la préfecture. À Boulogne-sur-Mer, une soixantaine de tracteurs a défilé derrière une banderole symbolique “stop au massacre”. Tous dénoncent l'abattage de troupeaux jugés sains et réclament des alternatives comme une vaccination générale ou des mesures plus ciblées.
La gestion de la dermatose nodulaire met aujourd'hui en lumière une profonde fracture entre l'État et le monde agricole, en particulier dans le Sud-Ouest. Les éleveurs espèrent une meilleure communication concernant les décisions sanitaires et un cadre d'indemnisation adapté à cette crise sanitaire. Mais l’urgence de la situation peut-elle cohabiter avec la nécessité d'une réflexion plus approfondie sur les méthodes de gestion des crises sanitaires ? Les mois à venir apporteront peut-être des réponses.







