Emmanuel Macron s'exprimera à nouveau ce mercredi 31 décembre à 20 heures, pour présenter ses vœux à la nation, marquant ainsi la neuvième fois qu'il s'adonne à cet exercice ritualisé. Ce moment, bien connu des Français, devient un transfert de tradition politique, façonné au fil du temps.
Ces allocutions ont pris un tournant décisif sous Charles de Gaulle, qui a inauguré, en 1960, la pratique des vœux tels que nous les connaissons aujourd'hui. S'inspirant du discours sur l'état de l'Union américain, il a rompu avec les habitudes de la IVe République, où le président de la République jouait un rôle mineur et parlait peu. De Gaulle a su utiliser la télévision pour atteindre directement le peuple, transformant ainsi l'image du président en une figure centrale de la vie politique.
Au fil des décennies, la tonalité des vœux a évolué. Valéry Giscard d'Estaing a souhaité rendre ses discours plus accessibles, cherchant à établir une connexion plus forte avec les Français. François Mitterrand, en 1988, a quant à lui choisi un décor plus intimiste à Strasbourg, renforçant l'idée d'une France européenne, tandis que Jacques Chirac a opté pour une position debout durant son allocution de 1997, insufflant une dynamique particulière en pleine cohabitation.
Les vœux de Macron, depuis son arrivée au pouvoir en 2017, ont souvent été perçus comme des narrations politiques, orientant son action autour de grands chantiers. Toutefois, sa communication s’est parfois avérée risquée ; une formule malheureuse sur la crise climatique lors de ses vœux de 2022 avait provoqué une onde de choc, attisant la vigilance des médias et de l'opinion publique.
Les audiences sont également révélatrices de l'importance de cet événement. L'an dernier, plus de 9,7 millions de téléspectateurs ont regardé son discours, témoignant de l'intérêt persistant pour ces allocutions. À titre comparatif, lors des interventions liées à la crise de la Covid-19, plus de 35 millions de Français avaient suivi ses annonces, illustrant la différence de contexte et l'urgence d'un message en période de crise.
Ce 31 décembre promet d'être un moment fort, alors qu'Emmanuel Macron aborde une phase délicate de son mandat. Avec des élections municipales prévues en 2026 et une majorité parlementaire fragilisée, ses vœux seront empreints de sobriété. Le leader français devrait mettre en avant des thèmes cruciaux tels que la régulation des réseaux sociaux, le développement d'un service national volontaire et la fin de vie, des sujets perçus comme consensuels, mais dont l'implémentation reste incertaine.
Dans ce contexte, l'expertise de l'Institut Montaigne souligne la nécessité pour le président de maintenir une proximité avec les citoyens tout en affûtant ses stratégies de communication pour engager le dialogue. La voix du président est scrutée de près, la moindre déclaration pouvant susciter des réactions variées.
Alors que Macron se prépare à s’adresser à la nation, il est évident que ces vœux ne sont pas qu'une simple formalité : ils représentent une occasion de réaffirmer le cap de la politique nationale dans un monde en constante évolution.
