Olivier Faure a pris un risque calculé en mobilisant l'ensemble de ses troupes pour faire adopter le budget de la Sécurité Sociale par l'Assemblée nationale. Dans un contexte incertain, il a œuvré pour un accord avec les macronistes, réussissant à surmonter l'inquiétude qui prévalait quelques jours auparavant. Pour un homme politique souvent perçu comme prudent, ce geste marque un véritable tournant.
« Un rejet serait un échec personnel », confiait-il alors que le vote s'annonçait serré. Faure a redoublé d'efforts, persuadant des députés de diverses formations d'appuyer ce budget, ce qui a même suscité des moqueries de la part de l'opposition : « Olivier Faure devient le ministre des Relations avec le Parlement », s’amusait le député RN Laurent Jacobelli.
Le leader socialiste a exhorté ses députés à soutenir ce qui est devenu un budget de compromis, crucial pour la suspension de la réforme des retraites, une victoire que le PS savoure. Cet effort, loin d'être anodin, a révélé la capacité d'adaptation du parti face à des situations difficiles, rompant avec un ancien tabou qui empêchait d'accepter ce genre de mesures. Le soutien du groupe socialiste a été massif, avec 63 des 69 députés approuvant le texte.
Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, a salué cette victoire comme le fruit d'une démarche patiente et stratégique pour améliorer le quotidien des Français. En dépit des reproches des Insoumis, traitant Faure de complice du gouvernement, les socialistes estiment avoir réussi à modifier fondamentalement le projet initial pour le rendre plus conforme à leurs valeurs.
Le dialogue constructif entre Olivier Faure et le Premier ministre actuel, Sébastien Lecornu, a également joué en faveur de cette avancée. « Ils partagent une complicité étonnante », racontait un membre influent du PS. Ce rapprochement a, sans doute, facilité les discussions autour du budget.
Cependant, des interrogations subsistent. L'officialisation du budget de la Sécurité Sociale est encore en suspend, celui-ci devant repasser par le Sénat avant de revenir à l'Assemblée. Les tensions politiques pourraient remonter à l'approche du vote du budget de l'État, qui semble plus délicat pour les socialistes à accepter. Faure a annoncé que si le gouvernement souhaite obtenir un vote favorable, il devra faire preuve de la même volonté de compromis.
La stratégie de Faure pourrait également jouer un rôle décisif dans les municipales de 2026, alors même que la présidentielle de 2027 se profile. Malgré une présence médiatique soutenue, sa popularité ne semble pas en hausse. Ce paradoxe demeure un mystère pour certains leaders du PS, bien qu’il continue d’affirmer qu’il ne s’inquiète pas de son image.
En tout état de cause, cette manœuvre a redonné au Parti Socialiste une place centrale dans le paysage politique français, notamment en le distanciant clairement des Insoumis.
Manon Aubry, eurodéputée LFI, critique cette alliance : « Par ce compromis, le PS acte des reculs sociaux terribles tout en voulant s’affirmer », a-t-elle déclaré, mettant l’accent sur les défis futurs qui attendent la gauche en général.







