Le 16 décembre, le Parlement européen a donné son feu vert à des mesures de protection accrues visant à atténuer les impacts potentiels de l'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur. Ces mesures, adoptées avec un soutien massive de 431 voix contre 161, comprennent la surveillance des produits sensibles tels que le bœuf, la volaille et le sucre. De plus, elles prévoient la possibilité de réintroduire des droits de douane en cas de déstabilisation du marché.
En choisissant une approche plus stricte que celle proposée par les États membres, le Parlement a également exigé que la Commission européenne intervienne si les prix des produits du Mercosur venaient à être inférieurs de 5 % à ceux de produits similaires dans l'Union européenne et si les importations détaxées augmentaient de plus de 5 %. À l'origine, ces seuils étaient fixés à 10 %.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espère toujours signer cet accord lors du prochain sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu au Brésil. Cependant, elle devra obtenir l'accord préalable des États membres, dont certains, comme la France, ont exprimé des préoccupations croissantes. Ce climat de tension a conduit à des appels au report du vote jusqu'en 2026, tandis que d'autres, comme l'Allemagne, plaident pour une ratification rapide.
Des agriculteurs en première ligne
Le traité en question, qui pourrait favoriser les exportations européennes de voitures, de machines, de vins et de spiritueux, inquiète fortement les syndicats agricoles. En effet, il faciliterait l'entrée sur le marché européen de produits sud-américains tels que la viande, le sucre, le riz, le miel ou le soja. Face à ces enjeux, une manifestation rassemblant jusqu'à 10 000 agriculteurs, dont 4 000 venus de France, est prévue ce jeudi à Bruxelles, organisée par le lobby agricole COPA-Cogeca.
« La crise sanitaire ne doit pas occulter la crise structurelle que traverse notre agriculture », a averti Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA. Il a qualifié la situation d'« crise existentielle » pour le secteur, mettant en lumière les craintes des agriculteurs face à des enjeux de politique agricole et aux répercussions de l'accord Mercosur.
Tandis que certains experts soulignent la nécessité d'ouvrir les marchés pour renforcer les relations commerciales, d'autres, comme Maxime Buizard-Blondeau, vice-président des Jeunes Agriculteurs, appellent à une mobilisation accrue pour défendre une politique agricole commune dédiée. « Nous n'accepterons pas que l'agriculture soit laissée pour compte », a-t-il averti.
Le débat autour de cet accord met en évidence les tensions croissantes au sein de l'UE, où les agriculteurs cherchent à faire entendre leurs voix face à des défis économiques grandissants. Alors que la signature de l'accord s'approche, l'attention se concentre sur la capacité des États membres à trouver un équilibre entre ouverture commerciale et protection des producteurs locaux.







