Malgré le statu quo économique enviable du Portugal, le gouvernement a décidé de réformer son Code du travail, suscitant un vif mécontentement parmi la population. Ce jeudi, une grève générale a été déclenchée, la première depuis 2013, pour protester contre les modifications proposées.
Les raisons de cette agitation sont multiples. Le projet de réforme, surnommé « Trabalho XXI », fait état de plus de cent modifications significatives et vise à apporter plus de flexibilité dans le monde du travail. Toutefois, les syndicats dénoncent une initiative perçue comme une attaque directe contre les droits des travailleurs, parmi lesquelles la simplification des procédures de licenciement et l'extension de la durée des contrats temporaires. Selon le secrétaire général de la CGTP, cette réforme risque de "normaliser la précarité" et d'"affaiblir les protections ouvrières".
Le gouvernement, quant à lui, défend que cette réforme est essentielle pour booster la compétitivité du pays. Le ministre de la Présidence, António Leitão Amaro, explique que ces changements sont nécessaires pour répondre à un marché du travail contemporain, souvent jugé rigide et en décalage avec les transformations numériques de notre époque. Rosário Palma Ramalho, ministre du Travail, ajoute que le système actuel entrave la productivité des entreprises, ce qui constitue un enjeu crucial pour l'avenir économique du pays.
Les analyses d'opinion montrent que la majorité de la population semble soutenir la grève, avec 61 % des Portugais se déclarant favorables à cette mobilisation. Cela suggère une profonde inquiétude quant aux conséquences des réformes envisagées, d'autant plus qu'un récent sondage du Diário de Notícias a révélé que 45 % des répondants se reconnaissent dans les revendications des syndicats.
Sur le plan économique, le Portugal se distingue avec une croissance du PIB prévue pour 2025 au-dessus de la moyenne européenne, s'alignant à 2 % contre 1,4 % pour l'UE. Ce succès économique a valu au pays le titre de « économie de l'année » par The Economist, soulignant la combinaison d'une croissance robuste et d'une inflation maîtrisée.
Cependant, la transition d'un passé difficile, marqué par des politiques d'austérité sévères, à une situation actuelle florissante comporte des défis importants. Comme l'indiquent plusieurs experts, notamment un rapport de la Direction française du Trésor, le Portugal doit maintenant se concentrer sur des enjeux structurels comme la montée en gamme de son tissu économique, le vieillissement de sa population et les inégalités territoriales.
En définitive, malgré le succès économique d’un Portugal en pleine renaissance, la question de l’équilibre entre flexibilité du marché du travail et protection des travailleurs reste au cœur des débats publics. Reste à voir comment le gouvernement gérera ce mécontentement croissant tout en poursuivant ses ambitions de réforme.







