Eramet, le géant minier français, a lancé un plan de redressement axé sur ses activités au Gabon, un pays clé pour la production de manganèse. Ce projet ambitieux s'appuie sur la modernisation du Transgabonais, soutenue par les gouvernements gabonais, français et l'Union européenne.
Le 4 décembre, Eramet a dévoilé les contours de sa stratégie pour les deux prochaines années, menée par le nouveau directeur général, Paulo Castellari, en place depuis mai 2025. Selon lui, la filière manganèse est essentielle à la relance du groupe, face à une période de turbulences économiques. L'accent sera mis sur l'optimisation des performances opérationnelles et la mise à jour des infrastructures permettant le transport du minerai. Le Gabon joue ainsi un rôle crucial dans le plan de relance de l'entreprise.
Le programme « ReSolution »
Le portefeuille d'Eramet s'étend de l'Indonésie au Gabon, en passant par le Sénégal et l'Argentine. Cette année, une revue complète des actifs a mis en lumière des marges de progression significatives. Le plan « ReSolution » est né de ces analyses et vise à augmenter l'efficacité opérationnelle tout en réduisant les coûts. Le groupe anticipe des gains futurs de l'ordre de 130 à 170 millions d'euros d'EBITDA sur deux ans. Ces résultats dépendront également d'une amélioration des volumes de manganèse acheminés depuis le Gabon.
Les chiffres du troisième trimestre 2025 montrent l'ampleur de l'enjeu. Des perturbations sur le réseau ferroviaire gabonais ont causé une diminution de 13 % du volume transporté, soit 1,6 million de tonnes. De plus, le groupe avait dû suspendre ses opérations en janvier à cause d'un glissement de terrain endommageant une portion du Transgabonais. Fort de ces difficultés, Eramet compte investir dans la modernisation du réseau pour améliorer la circulation du minerai et soutenir une hausse des volumes transportés à partir de 2025.
Un soutien institutionnel solide
La réhabilitation du Transgabonais est au cœur des efforts d'Eramet et bénéficie d'un soutien fort des autorités gabonaises et françaises. Fin novembre, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a rencontré les dirigeants d'Eramet et de la Société d'exploitation du Transgabonais (Setrag) pour discuter de la restructuration du modèle économique de cette ligne ferroviaire. Ces discussions ont portés sur une participation accrue de l'État et l'instauration de nouveaux mécanismes de concentration des revenus générés par ce réseau.
Ce mouvement s'inscrit dans un contexte particulier, où l'État gabonais et l'Agence française de développement ont signé le 24 novembre dernier une convention pour un programme de modernisation du Transgabonais, à hauteur de 203 millions d'euros. Ce projet comprend un prêt de 173 millions d'euros par l'AFD et une subvention de 30 millions d'euros de l'Union européenne, dans le cadre de la stratégie Global Gateway. L'objectif est d'améliorer les tronçons les plus critiques, renforcer la superstructure, et accroitre les capacités de transport de la société Setrag.
Cependant, il est essentiel de noter que l'amélioration des performances d'Eramet au Gabon ne dépendra pas uniquement de l'infrastructure ferroviaire. Une reprise stable des marchés mondiaux du manganèse est également nécessaire, en particulier compte tenu de la chute des prix observée ces dernières années. D'après les données du groupe, l'indice de prix du manganèse CIF Chine 44 % a chuté de 40 % en glissement annuel au troisième trimestre 2025, entraînant une baisse de 35 % des revenus liés à cette activité.
