Dans un tournant inattendu, la Commission européenne a annoncé qu'elle ne poursuivrait pas son objectif d'imposer un passage intégral au tout-électrique d'ici 2035. Cette décision fait suite à des pressions conjuguées de la part des acteurs du secteur automobile et des gouvernements d'Allemagne et d'Italie, qui ont exprimé des préoccupations quant à l'impact économique d'une telle transition.
Au fil des mois, la Commission européenne a vu sa proposition pour réduire les émissions de carbone se heurter à un mur d'oppositions. El País souligne que la Commission a finalement cédé face aux lobbyistes du secteur, qui avaient annoncé des investissements massifs dans la transition, mais qui peinaient à voir une demande suffisante pour leurs produits électriques.
Elle a donc décidé d’assouplir les règles, abandonnant l'objectif initial qui promettait que toutes les nouvelles ventes seraient uniquement des véhicules à zéro émission. Désormais, la vente de voitures hybrides rechargeables, de véhicules hybrides et même de moteurs thermiques sera autorisée au-delà de 2035. Lors d'une conférence de presse à Strasbourg, le commissaire au climat, Wopke Hoekstra, a déclaré qu'en pratique, 90 % des voitures vendues devraient être électriques, laissant une flexibilité pour les 10 % restants.
Ce revirement a été accueilli avec soulagement par de nombreux constructeurs, qui voient d’un bon œil cette liberté retrouvée pour continuer à produire des véhicules à combustion. Cependant, certaines voix s'élèvent, comme celles de groupes environnementaux qui expriment des inquiétudes sur les conséquences de cette décision. Bloomberg cite Chris Heron, secrétaire général de l’association professionnelle E-Mobility Europe, qui met en garde contre les nouvelles échappatoires qui pourraient entraver les ambitions climatiques de l'Europe. De même, Martin Kaiser, de Greenpeace Allemagne, qualifie ce plan de "cadeau de Noël" pour les fabricants chinois de voitures électriques.
Les tensions sont palpables entre les États membres, avec des pays comme l'Allemagne et l'Italie plaidant pour des assouplissements, tandis que l'Espagne et la France ont exprimé leurs réticences. Cette divergence met en lumière une réalité : alors que l'UE revient sur ses engagements, la Chine continue de dominer le marché des voitures électriques, exploitant le soutien étatique pour développer un secteur lucratif. The Wall Street Journal note que cette situation crée un contraste saisissant entre les ambitions délétères de l’Occident et le dynamisme de l’industrie automobile chinoise.
À l'heure où Ford réduit également ses ambitions en matière de véhicules électriques, comme le souligne The Washington Post, il devient évident que la transition vers une mobilité durable est plus complexe que prévu. Les récentes décisions de l'UE, combinées à la nécessité pour les entreprises de rester compétitives, illustrent un changement de cap dans une lutte pour l'innovation dans l'automobile. Ce quotidien souligne que la transition vers le tout-électrique pourrait être remise en question pour encore de nombreuses années à venir.







