Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a exprimé vendredi sa confiance quant à la signature de l'accord commercial avec les pays du Mercosur en janvier, après un report provoqué par des inquiétudes en France et en Italie. Le premier syndicat agricole français, la FNSEA, a immédiatement réagi, déclarant que ce report n'était "pas suffisant" et appelant ses membres à poursuivre leur mobilisation. "Le Mercosur, c'est toujours NON!", a affirmé un porte-parole du syndicat.
Depuis plus de 25 ans, cet accord de libre-échange a pour objectif de renforcer les exportations européennes, notamment dans les secteurs de l'automobile, des machines et des boissons. En retour, il faciliterait l'importation en Europe de produits agricoles sud-américains tels que la viande, le sucre et le soja, suscitant des inquiétudes au sein des filières concernées.
Ce report a été favorisé par le président brésilien Lula, suite à une discussion avec la cheffe de l'exécutif italien, Giorgia Meloni, qui a demandé "de la patience". Alors que l’Allemagne et l’Espagne souhaitaient une signature rapide, une source gouvernementale allemande a adouci ses propos en affirmant que bien qu'il ne soit pas possible de régler ce dossier cette année, un accord semble désormais certain pour la mi-janvier, avec l'Italie de retour dans le jeu.
La puissante fédération allemande de l'industrie chimique et pharmaceutique a exprimé sa frustration face à ce délai interminable. Les leaders européens espéraient franchir le pas lors d'un sommet au Brésil, mais les oppositions de la France et de l'Italie ont entravé la situation. Emmanuel Macron a quant à lui exigé que l'accord soit libertaire tout en apportant des garanties solides pour les agriculteurs locaux.
À Bruxelles, la tension était palpable lors de la récente manifestation où des milliers d'agriculteurs, armés de tracteurs, exprimaient leur colère face à cette situation. Des débordements ont été signalés, avec des confrontations entre les manifestants et la police. Selon la police belge, 7 300 personnes, dont une cinquantaine de tracteurs, ont pris part à cette mobilisation majoritairement pacifique, bien que plusieurs vitres de bâtiments aient été brisées.
Les préoccupations exprimées par les agriculteurs européens soulignent la notion de "concurrence déloyale" et mettent en avant les différences de réglementations environnementales entre les pays de l'UE et ceux du Mercosur. Florence Pellissier, agricultrice en Seine-et-Marne, a déclaré : "On nous ramène des produits traités avec des substances que nous n'avons pas le droit d'utiliser ici." Maxime Mabille, un producteur laitier belge, a également alerté sur les intentions d’Ursula von der Leyen, craignant qu’elle ne tente d’imposer l’accord contre vent et marée.
Les frustrations se multiplient également autour des réformes de la Politique agricole commune (PAC), la Commission européenne étant accusée de vouloir affaiblir les subventions déjà en place. Des voix se sont élevées, soulignant la gestion déficiente par le gouvernement français lors de la récente épizootie de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), ajoutant une couche supplémentaire à un climat de mécontentement déjà tendu.
Face à cette situation, les craintes des agriculteurs européens semblent légitimes, tandis que l’avenir de l’accord UE-Mercosur reste plus incertain que jamais. La voie vers une signature est semée d'embûches, et les consultations devront se poursuivre pour apaiser les inquiétudes et garantir des pratiques commerciales équitables.







