Dans une Tunisie où le pouvoir d'achat s'effondre et où l'État réduit ses prestations sociales, de nombreuses familles se tournent vers leurs proches expatriés pour survivre. Dans un contexte économique difficile, affirme le site Raseef 22. Pour beaucoup, l'espoir d'une amélioration passe désormais par l'attente d'une aide financière de l'extérieur.
Originaires principalement d'Europe et du Golfe, ces transferts ont atteint un impressionnant total de 7,6 milliards de dinars en 2024, représentant 5,5% du PIB du pays, selon les chiffres du ministère des Finances tunisien.
Hedi, fonctionnaire vivant dans le sud de la Tunisie, témoigne de l'impact de ces fonds. Avec un salaire qui couvre à peine une partie de ses dépenses mensuelles, il dépend des virements de ses enfants expatriés. Grâce à leur soutien, il a pu rénover sa maison, rembourser des dettes et même accomplir un pèlerinage à La Mecque avec sa femme.
Des transferts nécessaires
La diaspora tunisienne a considérablement crû ces dernières années, atteignant près de 1,8 million de personnes sur une population totale de 12 millions. Comme l’indique l’économiste Lina Baccouche, "la solidarité familiale est essentielle dans un contexte où l'État échoue à fournir les services nécessaires". Ce soutien économique des expatriés contribue à maintenir une certaine paix sociale malgré la crise.
Tarek, un travailleur en France, définit ces transferts comme "nécessaires, pas seulement utiles". Chaque mois, il envoie 2000 dinars (585 euros) à sa famille. "Quand je dois tarder à envoyer l'argent, je me sens coupable. Je pense souvent à trouver d'autres moyens de revenus pour assurer leur quotidien", confie-t-il.
Le taux de chômage en Tunisie dépasse les 15%, tandis que l'inflation tourne autour de 9,3%. Les économistes s'accordent à dire que le gouvernement tunisien compte sur ces aides internes pour maintenir un équilibre social sans prendre les mesures économiques nécessaires. Le rôle de la diaspora devient, donc, un filet de sécurité crucial en ces temps incertains.
