La décision de l'Union européenne (UE) d'interdire la vente de voitures à moteur thermique en 2035 pourrait être revue prochainement. Ce changement, qui résulte de plusieurs mois de négociations, vise à soutenir les constructeurs automobiles européens en difficulté.
Dans le cadre du grand "Pacte vert européen", cette initiative avait été adoptée sous le mandat d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, avec l’ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Toutefois, sous la pression de la compétition croissante avec la Chine et les tensions commerciales avec les États-Unis, l'UE a récemment reporté plusieurs mesures écologiques, adoptant ainsi une approche plus favorable aux entreprises.
Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne, a alerté sur le fait que l'industrie automobile du Vieux Continent est "en danger de mort". Il présentera, lors d'une prochaine réunion à Strasbourg, de nouvelles propositions de soutien à un secteur en pleine tourmente.
Alors que les ventes de voitures stagnent, leurs rivaux chinois, comme BYD, profitent d'une augmentation significative de leurs parts de marché grâce à des véhicules électriques à des prix compétitifs.
Un objectif de réduction des émissions en débat
Des discussions intenses ont eu lieu ces dernières semaines entre la Commission et les États membres pour façonner les nouvelles directives. Les détails seront dévoilés lors d’un point presse prévu prochainement, mais des informations préliminaires indiquent que les constructeurs pourraient être tenus de réduire les émissions de CO2 de leurs flottes d'environ 90 % d'ici 2035.
Ceci répond pour une large part aux demandes de pays comme l'Allemagne, l'Italie ou la Pologne, qui militent pour la "neutralité technologique". Ils souhaitent préserver une place pour les moteurs thermiques après 2035, en mettant avant des alternatives telle que les hybrides rechargeables ou les biocarburants.
Manfred Weber, leader du Parti populaire européen, a souligné que cette flexibilité pourrait aider l'UE à combattre le populisme en effaçant l’une des critiques fréquentes à son encontre.
À l'inverse, des pays comme la France et l'Espagne pressent l'UE de maintenir le cap sur l'interdiction des véhicules thermiques, affirmant que relâcher ces restrictions minerait les investissements massifs déjà réalisés par les constructeurs pour se tourner vers l’électrique.
Favoriser une industrie européenne dynamique
En parallèle, la France exige également une "préférence européenne", qui obligerait les fabricants bénéficiant d'aides publiques à se fournir en composants fabriqués en Europe, soutenant ainsi l'ensemble du secteur automobile.
La Commission entend également promouvoir le développement de petits véhicules électriques à des tarifs accessibles, un projet porté par Ursula von der Leyen pour éviter que des acteurs comme la Chine dominent ce marché.
Sigrid de Vries, directrice de l’ACEA, a insisté sur l'importance de ces concessions pour garantir la rentabilité du secteur, la préservation des emplois et la compétitivité face à la concurrence mondiale.
En revanche, l'ONG Transport & Environment avertit que ralentir la transition vers l'électrique constituerait "une erreur stratégique", creusant ainsi davantage l'écart entre l'Europe et l'Asie. William Todts, son directeur, a ajouté : "Si les fabricants obtiennent des concessions, il est impératif qu'ils ne contaminent pas le débat autour des véhicules électriques."
Sources : France 24, AFP







