Créteil (AFP) – Dans une affaire qui a récemment captivé l'attention du public, deux policiers ont été déclarés coupables de violences volontaires aggravées et condamnés à trois ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Créteil. L'incident, survenu sur l'A4 en région parisienne, a vu les agents percuter délibérément un motard, entraînant des conséquences dramatiques pour le conducteur.
Les condamnés, Eric B., major de police de 53 ans, et Nils P., gardien de la paix de 26 ans, se voient également interdire d'exercer leur métier et de porter une arme pendant un an. Ils devront verser près de 5.000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 600 euros chacun pour couvrir les frais de justice. Cette décision du tribunal va au-delà des réquisitions initiales du parquet, qui avait demandé une peine de 18 mois avec sursis.
Me Arié Alimi, l'avocat du motard, a exprimé sa satisfaction quant à ce verdict, soulignant que cela représente un tournant dans la reconnaissance des violences policières par le système judiciaire. "C'est un signe que la justice prend enfin en compte la gravité de ces actes", a-t-il affirmé.
Les événements se sont déroulés le 14 octobre, lorsqu'une voiture de police a été filmée par une caméra embarquée alors qu'elle percutait le motard Hugo Van Rooij au niveau de Charenton-le-Pont. Les images montrent la voiture se diriger vers lui, tandis que Nils P. sortait le bras par la fenêtre. "C'est un traumatisme que mon cerveau ne sait pas comment traiter", a témoigné le motard, évoquant les répercussions psychologiques de l'accident.
Malgré les preuves vidéo, les deux policiers ont nié toute intention de blesser le motard. Eric B. a expliqué qu'il avait mal évalué la vitesse de la moto, reconnaissant cependant une "faute de conduite". Les juges, cependant, ont trouvé ces justifications invraisemblables, concluant à une volonté de nuire.
Ce jugement a également mis en lumière des problématiques plus larges concernant le "virilisme" et les comportements agressifs au sein de la police. Au cours du procès, il a été mentionné que les policiers avaient déjà croisé le motard avant l'accident, et le comportement inapproprié sur la route a contribué à la collision. Des expertises soulignent que ce type d'actions peut engendrer un climat de peur au sein des citoyens et nuire à la confiance envers les forces de l'ordre.
Pour l'avenir, cette affaire pourrait influencer la perception du public sur les violences policières en France. Des analystes notent une évolution dans la manière dont les cas de violences policières sont traités par les tribunaux, et cette décision pourrait servir de précédent pour d'autres affaires similaires.
La question reste de savoir si ce jugement sera suffisant pour provoquer un changement réel dans les comportements des forces de police et pour restaurer la confiance du public dans ces institutions.







