L'Assemblée nationale a enfin adopté, ce mardi, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, marquant ainsi un tournant dans la dynamique parlementaire, puisqu'il s'agit du premier budget validé sans recourir à l'article 49.3 depuis 2022. À cette époque, l'opposition d'une majorité absolue s'était manifestée de manière significative.
Ce budget, qui suspend la très débattue réforme des retraites, a été adopté par 247 voix contre 232. C'est une victoire obtenue par le Premier ministre Sébastien Lecornu grâce à des compromis judicieux, notamment avec le Parti socialiste. Les députés de Renaissance et du MoDem ont fait front uni, rejoints par une majorité écrasante du PS et de Liot, alors que les abstentions des écologistes ont joué un rôle crucial.
« Depuis trois ans, jamais un budget de la Sécurité sociale n'avait été autant débattu », a souligné la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, ajoutant que cela constitue une victoire du Parlement. Cependant, Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, a critiqué le changement d'alliance des socialistes et a marqué une forte responsabilité des écologistes. Elle a également annoncé l'intention de son groupe de saisir le Conseil constitutionnel sur cette loi.
Les débats sur ce budget, régulièrement perçu comme inadapté, ont entraîné des remaniements significatifs. Plusieurs mesures controversées, telles que le gel des pensions de retraite et l'augmentation des franchises médicales, ont été supprimées grâce aux députés.
Des manifestations prenant place devant l'Assemblée ont été organisées par les syndicats, FO et CGT, dénonçant notamment les limitations des arrêts maladie et les implications potentielles de la taxe sur les mutuelles. Éric Chenut, président de la Mutualité, a averti : « Cette taxe d'un milliard pèsera à terme sur nos concitoyens, entraînant une hausse des cotisations en 2026. »
Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est évalué à 19,4 milliards d'euros en 2026, un chiffre en diminution par rapport à 2025. Cependant, il sera compensé par des transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'État, ce qui complique la situation budgétaire pour l'État, où il faudra trouver des solutions pour équilibrer les comptes.
Alors que le budget de l'État est encore en cours de négociation, le chemin s'annonce difficile. Les divergences entre l'Assemblée et le Sénat persistent, et des inquiétudes se font sentir quant à l'atteinte de l'objectif budgétaire fixé à 5% du PIB, alors que le déficit pourrait franchir la barre de 5,3% selon les dernières prévisions.
Une commission mixte paritaire est programmée pour tenter de trouver un consensus sur le budget de l'État, une tâche qui s'avère d'ores et déjà délicate. Les socialistes proposent des mesures de justice fiscale, tandis que la droite refuse catégoriquement tout nouvel impôt. Déjà, la présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, a exprimé un « grand non » à des négociations qui lui semblent inacceptables.
La situation reste donc en évolution constante, et les débats se poursuivront jusqu'à la fin de la semaine avec une vigilance accrue sur les décisions qui pourraient être prises et leur impact sur le quotidien des Français.







