La consommation de drogues en France : une explosion inquiétante révélée par une étude

Découvrez pourquoi la consommation de drogues a explosé en France ces dernières années.
La consommation de drogues en France : une explosion inquiétante révélée par une étude
Du cannabis trouvé lors d'une opération policière visant à démanteler un réseau de trafic de drogue, le 22 août 2025, à Melun (Seine-et-Marne). (THIBAUD MORITZ / AFP)

Une étude alarmante de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives révèle que la valeur du marché des drogues en France a presque triplé entre 2010 et 2023. En parallèle, des événements tragiques comme l'assassinat de Mehdi Kessaci à Marseille mettent en lumière la violence croissante liée au narcotrafic.

Marie Jauffret-Roustide, sociologue et politiste à l'Inserm, explique que l'augmentation de l'offre sur le marché est frappante. La production de cocaïne en Colombie a quadruplé en quinze ans, rendant ces substances plus accessibles. La période de la Covid-19 a amplifié ce phénomène avec la généralisation de la livraison à domicile, facilitant l'accès aux narcotiques.

Un autre facteur clé est la baisse des prix, surtout pour la cocaïne, dont la pureté a également grimpé. Cette accessibilité attractrice incite à la consommation et favorise des méthodes de distribution toujours plus sophistiquées. Jauffret-Roustide souligne que les trafiquants, en constante évolution, tentent d’échapper à la surveillance policière par l'infiltration et la corruption, touchant même des agents de sécurité.

La tendance n'est pas isolée à la France : la consommation de drogues illicites est en forte hausse à l'échelle mondiale, et l'Europe n'est pas épargnée. La France se positionne comme l'un des pays aux taux de consommation de cocaïne les plus élevés, découlant d'un marché européen en pleine expansion.

Les causes de ce phénomène sont multifactoriels. En période de crise, la consommation de drogues a tendance à augmenter, les individus cherchant à échapper à leurs difficultés. Marie Jauffret-Roustide note une corrélation entre la précarité sociale et la consommation : « Les personnes vulnérables, déjà en situation d'isolement, se tournent vers les drogues pour faire face à l'angoisse ». Ce constat est corroboré par des études antérieures en Grèce, pendant la crise de la dette, montrant une forte montée des addictions.

Concernant spécifiquement la cocaïne, les raisons de sa popularité incluent la culture de la performance. Les employés, soumis à des cadences de travail exigeantes, peuvent ressentir le besoin de consommer des drogues pour maintenir leur productivité. C’est notamment courant dans les secteurs de la santé, de la restauration et des médias. De plus, au sein des milieux festifs, le mélange des substances crée un climat propice à l'expérimentation.

Il convient également de mentionner que, malgré les stéréotypes autour de la consommation de drogues, les profils des utilisateurs sont variés. La consommation s’étend désormais à toutes les classes sociales, avec une augmentation notable chez les trentenaires. Les jeunes, quant à eux, semblent consommer moins de cannabis, selon l'enquête EnClass.

Alors que le gouvernement stigmatise les consommateurs, comme l’a souligné Emmanuel Macron, les experts s'accordent à dire que cette approche néglige les véritables responsabilités de l'État face aux influences criminelles. « Accuser les consommateurs de complicité est facile, mais ce sont souvent les communautés vulnérables qui subissent les conséquences du trafic », déclare Jauffret-Roustide. À Marseille, l’environnement s’est détérioré, faisant peser un climat de peur sur les familles.

Concernant les politiques de lutte contre les drogues, les résultats sont mitigés. Les recherches indiquent que les mesures répressives n'ont pas prouvé leur efficacité dans la réduction de la consommation. Au contraire, des pays comme le Portugal, qui a décriminalisé l'usage de drogue, montrent des niveaux de consommation plus faibles.

Enfin, la France met en place de nombreuses initiatives de prévention, allant des programmes pour jeunes aux dispositifs de soins anonymes. Cependant, le manque de ressources et d'infrastructures, comme les « salles de shoot », témoigne de l'absence d'un vrai discours de santé publique. L'Islande, qui a réussi à réduire la consommation à des niveaux record en investissant dans le bien-être des jeunes, pourrait servir de modèle à suivre.

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