L'État obligé de dédommager Allianz après les émeutes de Nouvelle-Calédonie

Une décision judiciaire met en lumière la responsabilité de l'État dans les violences de 2024.
L'État obligé de dédommager Allianz après les émeutes de Nouvelle-Calédonie
Les émeutes avaient éclaté suite à une réforme constitutionnelle initiée par le gouvernement français visant à modifier le corps électoral local et perçue par les indépendantistes comme une tentative de marginaliser leur poids politique.

Le tribunal administratif de Nouméa a rendu vendredi un verdict qui marque les esprits : l'État est condamné à verser plus de 28 millions d'euros à la compagnie d'assurances Allianz. Cette décision fait suite aux émeutes qui ont agité la capitale de la Nouvelle-Calédonie du 13 au 17 mai 2024, au cours desquelles plusieurs commerces ont été détruits, entraînant des pertes financières si considérables que Allianz a jugé nécessaire d'engager une action en justice.

L'insurrection a coûté la vie à 14 personnes et blessé 800 autres, laissant derrière elle un véritable chemin de désolation chiffré à près de 2,2 milliards d'euros de dégâts matériels. Deux mille six cent vingt-cinq individus ont été arrêtés durant les affrontements, illustrant l'ampleur de la violence qui a secoué le territoire. "L'État n'a pas pris en compte les avertissements du haut-commissaire concernant une potentielle insurrection", ont déclaré les juges, soulignant l'absence de mesures proactives pour sécuriser la région.

Allianz, qui assure plusieurs entreprises situées dans la zone commerciale de Kenu-In à Dumbéa, a argué que la responsabilité de l'État était engagée en raison de son manque de préparation face à une menace aussi pressante. "Des signaux clairs auraient dû alerter les autorités afin d'envoyer des forces de sécurité adéquates pour contrer ce qui était prévisible", a ajouté le représentant d'Allianz aux médias.

Cette affaire soulève des questions cruciales sur la gestion des crises en Nouvelle-Calédonie, un territoire où les tensions politiques et sociales sont déjà exacerbées. Selon plusieurs experts, l'incapacité de l'État à anticiper et à répondre de manière appropriée à tels événements pourrait avoir des conséquences durables sur l'économie et la stabilité sociale de la région. Comme le souligne le sociologue local Marc Lévy, "Puisque la confiance du public envers les institutions est mise à mal, cette situation pourrait alimenter une spirale de violence à l'avenir, si des solutions concrètes ne sont pas rapidement apportées".

En attendant, le verdict du tribunal administratif pose un jalon dans l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, mettant en lumière les failles dans les mécanismes de sécurité gouvernementaux. Les autorités n'ont plus d'autre choix que de se pencher sérieusement sur les améliorations nécessaires pour éviter que de telles tragédies se reproduisent.

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