Les substances chimiques connues sous le nom de PFAS, pour per- et polyfluoroalkylées, ont envahi notre quotidien depuis les années 1950. Utilisées dans de nombreux secteurs industriels, elles se retrouvent également dans des produits courants tels que les emballages alimentaires et les cosmétiques. Selon Khalil Hanna, professeur à l’École nationale supérieure de chimie de Rennes, ces composés sont présents dans des domaines variés allant des décharges aux activités aéroportuaires et militaires.
L’industrie papetière, par exemple, utilise les PFAS pour rendre le papier imperméable aux liquides. Cependant, cela pose un problème de contamination lorsque ces matières premières sont recyclées, explique Pierre Labadie, directeur de recherche au CNRS.
Cheminement vers l'environnement
Les eaux usées issues des processus industriels sont traitées dans des stations d'épuration, mais celles-ci ne sont pas conçues pour éliminer complètement les PFAS. Ainsi, les boues résultantes, qui contiennent encore des traces de ces substances, sont fréquemment utilisées comme fertilisants dans l'agriculture, conduisant à une contamination des sols, et par conséquent, de nos eaux.
Une fois épandues dans les champs, les boues contaminées se dégradent dans le sol. Pour certains PFAS, notamment les plus solubles, cette infiltration se poursuit jusqu'aux nappes phréatiques, alertent les experts. Même des années après l’arrêt des épandages, des traces de ces polluants subsistent dans l'environnement, menaçant ainsi les captages d'eau qui approvisionnent nos réseaux publics.
Risques pour la santé
Les effets des PFAS sur la santé humaine soulèvent des inquiétudes croissantes. Les études révèlent un lien entre l'exposition à ces substances et diverses pathologies, allant du cancer à des troubles immunitaires. "Ces molécules sont extrêmement persistantes et s'accumulent dans le corps humain, en particulier dans les tissus adipeux", avertit Khalil Hanna.
Désormais, lorsque les concentrations de PFAS dans l'eau du robinet dépassent les 0,1 microgramme par litre, les autorités émettent des arrêtés interdisant sa consommation. Des cas alarmants ont été rapportés, comme à Villy dans les Ardennes, où des taux de 0,27 microgramme ont été mesurés, un record en France.
Recherches et solutions
Actuellement, aucune méthode n'existe pour éliminer complètement les PFAS des captages d'eau, mais des solutions telles que les filtres à charbon actif peuvent aider à réduire leur concentration. Des projets d'interconnexion des réseaux, permettant de mélanger l'eau contaminée avec de l'eau propre, sont également à l'étude.
La lutte contre cette pollution nécessite une prise de conscience collective et des actions concrètes. Selon des experts, le débat autour de la responsabilité des pollueurs doit se renforcer pour garantir un avenir sans PFAS dans notre eau potable.







