Téhéran (AFP) – Maryam Ghelich, instructrice de moto à Téhéran, illustre une révolution discrète mais marquante parmi les femmes en Iran. Autrefois cachées, elles s’aventurent désormais dans les rues de la capitale, parcourant le bitume sur des scooters et des motos, revêtues de casques colorés.
« Les mentalités ont vraiment évolué. Ce qui était autrefois mal perçu est maintenant de plus en plus accepté », partage Maryam, qui affirme que de nombreuses femmes se présentent à ses cours. Il y a 15 ans, les motardes étaient rarissimes, mais aujourd'hui, elles sont plusieurs dizaines à apprendre à conduire.
La Révolution islamique de 1979 a limité les activités disponibles pour les femmes, mais dernièrement, la résistance des Iraniennes s'est amplifiée. Les restrictions vestimentaires demeurent un défi, mais les femmes s'adaptent, allant jusqu'à porter des combinaisons longues par-dessus leurs tenues, comme l'explique Maryam, membre de la Fédération iranienne de motocyclisme. « Même les forces de l'ordre sont moins strictes aujourd’hui », ajoute-t-elle.
Cependant, l'absence de permis de conduire reste un obstacle majeur. Bien que la loi ne l'interdise pas, les autorités ne délivrent pas de permis aux femmes, laissant les conductrices dans une position précaire. « Même si je suis une conductrice expérimentée, je suis responsable légalement sans permis en cas d’accident », confie Niloufar, une créatrice de mode de 43 ans, qui vient récemment de commencer ses leçons.
Le climat sociopolitique a changé après la mort de Mahsa Amini en 2022, événement déclencheur de manifestations en faveur des libertés des femmes. De plus en plus de femmes s'affirment sur les routes, défiant les conventions. Nayereh Chitsazian, 53 ans, propriétaire d'une moto, exprime son optimisme : « Nous sommes enregistrées, assurées, tout est en règle. La police n'a pas de raison de nous arrêter. »
Dans un pays où les femmes commencent à briser les chaînes des traditions restrictives, elles s'illustrent dans un domaine souvent considéré comme masculin. Cette montée en puissance des motardes incarne un changement culturel, inspirant d'autres femmes à revendiquer leur place sur les routes. Des voix comme celles de Mona Nasehi, qui a eu peur lors d'une rencontre avec la police mais refuse de reculer, témoignent de l'importance de cette lutte pour la liberté.
Cette évolution s'inscrit dans un contexte d'expression croissante des droits des femmes en Iran, reflet d'une société en mutation et d'un désir inébranlable de liberté.







