En juillet 1995, Abdelbaki Sahraoui, imam de la mosquée de la rue Myrha à Paris et voix du Front islamique du salut (FIS), a tragiquement perdu la vie lors d'une fusillade. Ce meurtre, longtemps resté non élucidé, a marqué une période de violences en France, où le Groupe islamique armé (GIA) orchestrait une série d'attentats. Plus de trois décennies plus tard, des développements récents dans l’enquête ont suscité un regain d'intérêt. Smaïn Aït Ali Belkacem, condamné à la réclusion à perpétuité pour l'attentat de la station RER Musée-d'Orsay, a été mis en examen le 4 décembre dernier pour « vol avec arme en relation avec une entreprise terroriste » et « assassinat en relation avec une entreprise terroriste », selon des sources judiciaires citées par l'Agence France-Presse (AFP).
La semaine précédente, un autre homme, Boualem Bensaïd, également impliqué dans des actes terroristes, a fait l'objet de mises en examen dans le cadre de cette affaire. Cette avancée dans l'enquête pourrait représenter un tournant décisif dans une affaire qui a longtemps hanté les autorités françaises.
Expertise ADN à la rescousse
Le meurtre d'Abdelbaki Sahraoui et celui de son secrétaire n'avaient pas trouvé d'éléments tangibles pour identifier les coupables. Toutefois, en 2003, des analyses ont mis en lumière un pistolet, saisi dans un appartement occupé par Boualem Bensaïd, qui serait lié à l'assassinat du fidèle de l'imam. Plus récemment, des traces d'ADN détectées en 2013 ont été évoquées par l'avocat de Bensaïd, Me Romain Ruiz, qui a également critiqué la mise en examen de son client, estimant qu'elle ne reposait pas sur des preuves nouvelles.
Smaïn Aït Ali Belkacem, aujourd'hui âgé de 58 ans, est un ancien membre du GIA, organisant des attaques destructrices, dont celle de la station Musée-d'Orsay en 1995, qui a laissé 30 blessés. Son palmarès criminel ne se limite pas à cette seule attaque; en 2017, il a été condamné à une peine supplémentaire pour avoir tenté de s'évader d’une prison en usant d'explosifs. Sa tentative de fuite a rappelé l’inéluctable danger qui plane encore sur les systèmes de sécurité des établissements pénitentiaires francophones.
Les répercussions de ces mises en examen pourraient, selon certains experts, mener à une clarification de la nébuleuse autour des attentats de cette époque. En parcourant l’histoire de ces événements, l'avocat et analyste spécialisé en terrorisme, Jean-Pierre Bouchard, a souligné que cela pourrait ouvrir la voie à d’autres interrogations sur l’influence persistante des groupes islamistes en France.
Ce nouvel épisode judiciaire soulève de nombreuses questions sur la gestion des enquêtes sur le terrorisme en France et attire l'attention sur le secteur de la justice, souvent critiqué pour son efficacité à éclaircir des affaires aussi complexes. Alors que les victimes et leurs familles espèrent enfin des réponses, la France continue de faire face aux répercussions d’un passé violent.







